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Rentrée littéraire

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Un premier roman ? Youpi ! Une fois de plus, quel plaisir de se laisser porter par l’envie, l’histoire et les mots de celui ou celle qui se lance. Qui voit son aventure littéraire aboutir. Jour de gloire donc pour Victor Jestin, 25 ans,  jeune Parisien diplômé du Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle.

« La chaleur » fait donc partie des 524 nouveaux romans de la rentrée littéraire. Celle des prix. Celle des bonnes pioches et des jolies découvertes ?

L’histoire ? C’est celle de Léonard, un adolescent de 17 ans qui passe ses vacances en famille dans un camping du sud-ouest. Il s’ennuie ferme. Préfère faire la vaisselle, seul, plutôt que de jouer avec des jeunes de son âge. Il reste en grande partie à la vie du camping. Et pas question pour lui de participer à l’injonction du bonheur qu’on lui distille à longueur d’activités.

Une nuit, la veille du retour à la maison, tout bascule cependant. Il tombe sur Oscar, un autre jeune vacancier. Mais l’adolescent est en train de mourir, étouffé, affalé sur une balançoire. Léonard le laisse mourir. Mais fera ensuite le curieux choix de l’enterrer dans le sable. Et de  vivre avec son secret jusqu’à la fin des vacances.

Une situation singulière pendant laquelle il tombera également amoureux de Luce. Une jeune fille qui, comme avec Oscar, joue avec ce jeune homme toujours à part.

Au fil des pages, voilà un roman efficace à l’écriture simple et fluide.

 

Victor Jestin parle de son roman ici

Extraits

 Page 29 : « Elle fixait le garçon fièrement et il secouait la tête pour dire non. J’ai détaillé l’alligator, ses yeux jaunes, sa carapace verte, la barre de métal qui sortait de sa gueule pour que les enfants s’y accrochent. J’ai senti ma lèvre trembler et les larmes revenir du fond de la nuit dernière, rattraper leur retard. Peu de bêtises en dix-sept ans. Aucune véritable grosse bêtise. Je n’avais jamais triché, volé, frappé. Insulté rarement. La haine et la colère, je les avais accumulées sagement. Ce n’était pas un accident. J’avais laissé mourir Oscar. J’aurais pu le sauver et je ne l’avais pas fait. Ensuite, j’avais caché son corps. Je ne me rappelais plus pourquoi. J’aurais pu m’en aller ». 

Page 36 : « Le camping avait ses propres lois. Deux semaines de vacances, c’était une vie entière On y arrivait comme on naît, pâle et seul. On en repartait dans un soupir de tristesse ou de soulagement comme on meurt. Les amitiés se faisaient, se défaisaient au détour des allées. Les cœurs s’enflammaient et se brisaient dans une même journée. J’avais vu quelquefois Luce et Oscar être amis, être amoureux, ou s’ignorer. Je marchais désormais avec elle comme si j’étais lui. Des garçons nous observaient. »

Page 107 : « On chantait derrière la toile. On s’amusait. C’était un long cortège carillonnant autour de ma tente. Quelle est donc la différence, ai-je pensé, avec toutes ces fois où j’étais là, caché, à attendre aussi que les gens passent ? Qu’est qui a changé depuis ? J’ai un peu vieilli. J’ai embrassé une fille, je l’ai perdue. Oscar est mort. Oscar est mort parce qu’il a voulu mourir, parce qu’il était triste et qu’il a eu l’idée  de s’enrouler les cordes autour du cou pour que quelque chose advienne. Oscar est mort à cause de moi qui n’ai pas bougé, et je n’ai pas bougé car à cet instant je ne pouvais pas, je préférais mourir, comme lui, et nous nous sommes regardés mourir l’un l’autre, pendant que les autres dansaient. »

 « La chaleur », Victor Jestin, Flammarion, 15€

 

 

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