Flux pour
Articles
Commentaires

 

Un premier roman ? Allez, laissez-vous tenter… Celui que je vais vous présenter mérite toute votre attention. Il est brillant, tourbillonnant, vif, sensible… et finalement tragique. Son auteure, Pauline Delabroy-Allard, jeune trentenaire, signe là un premier roman jubilatoire.

Ca-raconte-SarahL’histoire ? C’est celle de la narratrice (dont on ne connaîtra jamais le prénom), professeure de lettres, séparée, une petite fille de 4 ans et en pleine période « de latence » dans sa vie. A un dîner de réveillon, Sarah fait son entrée. Dans un tourbillon.

Violoniste concertiste, Sarah voyage de concert en concert. Elle est mal fagotée, parle mal, s’enflamme, puis se fâche, se frappe. Rapidement, Sarah et la narratrice deviendront inséparables. Amies, puis amantes. Une découverte pour l’une comme pour l’autre. Et le début d’une passion. Qui, apprend-on dès les premières pages du roman, finira mal. Par la mort de Sarah.

La narratrice nous emmène dans son histoire, celle de Sarah. Au fil des pages se décline l’urgence amoureuse qui les lie. Jusqu’à ce que la narratrice n’en puisse plus. L’abandonne. Se sauve, folle de chagrin, à Trieste en Italie alors que Sarah meurt d’un cancer.

Cette fuite marque la deuxième partie de ce premier roman inspiré. Le rythme des phrases courtes, saccadées, s’allonge. C’est le temps du récit après celui de l’obsession, du ressassement.

Mais Sarah est toujours là, à  toutes les pages.  Car ce roman, « Ça raconte Sarah ».

 

Extraits

Page 83 : » Elle insiste pour partir en vacances avec ma fille et moi. Elle ne sait pas que je préférerais partir seule, que je suis épuisée par cette histoire, par sa présence dans ma vie. Dans le train de nuit, elle occupe la couchette en face de la mienne  les couchettes du haut. Elle laisse sa loupiote allumée. Lorsque l’enfant s’endort, juste en dessous, sur une des couchettes du milieu, elle baisse lentement le drap de la SNCF le long de son corps, elle me regarde dans les yeux, et elle se caresse lentement les seins. »

Page 136:« Je l’ai tuée parce qu’elle me rendait folle. Je l’ai tuée parce qu’elle ne voulait plus m’aimer. Je ne sais plus. Un blanc, dans mon esprit. Je ne sais ce qui s’est passé. Nous avions fait l’amour, ça, d’accord. Et après ? Est-ce qu’elle est vraiment morte, au moins ? Je ne sais plus. J’ai tout oublié. » 

Page 158 : « Je fais ça depuis quelques jours, le même trajet, la même attente, là-bas, au milieu des herbes folles et jaunies, assise sur le petit banc bleu. Je fais ça depuis une semaine, peut-être,je ne sais pas, je ne sais plus. Je n’ai pas de calendrier, pas de montre. Je suis un passager clandestin. »

« Ça raconte Sarah », Pauline Delabroy-Allard, Les Editions de Minuit, 15 euros.

Laisser un commentaire

*