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Rentrée littéraire 2017

livre-troisieme-personne En même temps que les soldes, ou presque, voilà la rentrée littéraire d’hiver. Pas de rabais ni de remise à faire rougir votre carte bleue, mais des découvertes à la pelle, des premiers romans pleins de promesses et des rendez-vous attendus!

Cette rentrée 2017 s’ouvre avec 517 romans à paraitre tout au long de ces mois de janvier et de février… et le retour des valeurs sûres nous expliquent les critiques littéraires et les éditeurs. Pas sûr que ces auteurs-là soient les plus en vue sur Quatrième de couv…

Parmi ces 517 romans, 337 écrits par des auteurs français ou francophones et 180 romans étrangers. A noter 66 premiers romans, toujours les bienvenus sur ce blog.

 

Parmi les p’tites trouvailles de cette rentrée hivernales, « Troisième Personne » de Valérie Mréjen. Une de mes valeurs sûres à moi !

Plus de quinze ans que je suis cette auteure, par ailleurs plasticienne et vidéaste qui signe chez P.O.L. son dixième écrit, le deuxième paru chez cet éditeur après « Forêt noire », dont vous pouvez trouver la critique ici.

Cette fois, dans un roman court, l’auteure évoque l’arrivée d’un enfant (le premier), d’une petite fille, au sein d’un couple et d’une histoire qui, jusque là, se déclinait à deux. Pas de prénoms, pas de décor très défini, mais des moments : avant la naissance, dans l’enfance des parents, les interrogations de la parturiente, à la maternité, dans la rue, quand la petite sera devenue grande… La vie qui change, qui éclate, qui transforme.

Nouveau sujet pour Valérie Mréjen qui a, à plusieurs reprises, trituré la mort dans les tous les sens. Nouveau sujet mais toujours ce même style, si caractéristique : frais, rythmé, si visuel… et si juste. Un vrai p’tit bonheur qu’on ait connu la maternité ou pas, d’ailleurs.

Extraits

Pages 41-42 : « […] Elle, au contraire, doit dire qu’elle n’a pas détesté cette soudaine familiarité. Elle était même plutôt flattée qu’on la considère comme une amulette, d’avoir le même succès qu’un pompon de marin ou qu’une table en bois. Elle éprouvait soudain ce dont ne pourront jamais témoigner les gisants dans leurs basiliques, le boutoir porte-chance du petit sanglier en bronze, les excroissances des statues lustrées et polies par d’innombrables paumes. Elle était très émue devant cette fascination primitive pour le corps féminin en état de métamorphose, le réflexe enfantin de vouloir toucher pour y croire. L’émerveillement était constant, toujours recommencé, comme si ce phénomène pourtant vieux comme le monde ne pourrait jamais devenir banal. »

Page 58 :« Elle le pense : ce n’est pas pour moi. Ce n’est pas l’envie qui lui fait défaut, oh non bien au contraire. C’est une croyance profonde. Un manque d’identification pure et simple avec cette image. Ceci est un monde de vraies femmes et elle est bien trop loin derrière. Sa propre mère a disparu si tôt, elle ne peut absolument pas se voir à la même place. Surtout pas quand le père essaye de l’y pousser avec des mots très mal choisis. Il décide en effet, dans un réflexe pragmatique peu après l’enterrement, de la promouvoir remplaçante, figure maternelle de substitution pour son frère et sa soeur. Mais ce qu’elle voit surtout dans ce remaniement hâtif, c’est son devenir épouse d’un homme qui est son géniteur. D’ailleurs il confond souvent les prénoms et commet des lapsus énormes. »

Pages 133-134 :« Les voilà en répétitions face au nouveau metteur en scène. Ses intentions sont encore floues mais sa détermination ne fait aucun doute. Ils entrevoient ce que doivent ressentir les comédiens liés par contrat à un démiurge parti en roue libre, un génie capricieux que plus personne n’ose contredire. Ils se plient néanmoins au jeu, en bons débutants prêts à tout. »

« Troisième Personne », Valérie Mréjen, P.O.L., 10€.

 

 

 

 

 

 

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