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Quand je trouve dans ma boîte aux lettres un CD que je n’ai pas commandé, mon premier réflexe, c’est « Aïe ! »

Ben oui, je préfère acheter ma musique. Si je suis déçue, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même, et surtout, je suis libre d’en dire ce que je veux. Rien, souvent, par manque de temps, d’envie d’écrire…

Là, je fais un effort. Parce que cet album, débarqué par hasard (ou presque car j’ai une petite idée de qui a filé mon adresse), m’a fait l’effet d’une petite bombe. Suisse, la bombe ! Du genre qui touche sa cible avec précision.

« Réson » (nom de l’album), par Odil (nom du groupe), créé par Camille-Alban Spreng (nom du leader).

cover odil

Avec Camille-Alban Spreng (claviers, composition), Geoffrey Fiorese (claviers), Tom Bourgeois (sax alto et soprano, clarinette basse, compositions), Sam Comerford (sax ténor et baryton), et Paul Berne (batterie). Et pour cet album, deux musiciens invités, Leïla Martial (voix) et Valentin Ceccaldi (violoncelle).

Un tour rapide sur Internet nous apprend que Camille-Alban Spreng est suisse, Geoffrey Fiorese français malgré son patronyme transalpin, que c’est sur ces deux là au piano, Fender Rhodes et autres synthétiseurs que s’est construit le projet Odil… Lequel a concouru au tremplin Jazz à Vienne 2017 sous les couleurs de la Belgique, et publie ses albums sur un label allemand.

Leur musique, c’est pareil. Tout aussi impossible à contenir dans la moindre frontière, à faire entrer dans la moindre case, , à étiqueter d’une quelconque provenance.

Mais qu’est-ce que c’est beau ! Et bien difficile à vous résumer… Un peu d’écoute, d’abord, avec un morceau « live » qui n’est pas sur l’album, mais qui en est très représentatif.

Voilà. Vous savez où vous mettez les oreilles.

Il y a dans cet album une atmosphère très particulière, liée à la construction des morceaux, qui a résolument banni le concept de linéarité. Quel que soit le pied sur lequel on part, fragile mélodie chantée, souffle de sax essouflé , notes légères de piano répétées, le pas suivant ne suit pas, il est de côté, derrière, ou bien il sautille, il est ailleurs !

Des ruptures donc, mais pas sans queue ni tête. Chaque morceau raconte une histoire, invite à un voyage, poursuit une pensée.

Ici et là, on peut avoir le sentiment de se trouver en terrain connu, une  combinaison de sons électroniques, quelques mesures en mode jazz-rock, des bribes de fanfare, une pulsation tribale, un trait de musique savante… Avant de lâcher prise et de se laisser porter par ces itinéraires en ligne brisée, scintillant d’éclats multiples et inattendus.

Tout ça résonne peut-être bien sans raison. Mais qu’importe !

Moi, j’ai pensé à Charles Mingus, à Philip Glass, et à l’amour du Grand orchestre du Tricot pour Lucienne Boyer, c’est dire.

A vous de découvrir où vous emporte Odil.  Il y a bien plus d’une « Réson » pour se laisser séduire.

>>> Le site internet d’Odil

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