Flux pour
Articles
Commentaires

9782882506443-d3d13

Je ne la connaissais absolument pas. Et ça aurait été vraiment dommage de passer à côté d’elle ! Les éditeurs ont souvent du talent pour vous faire découvrir des pépites. La preuve avec « Rassemblez-vous en mon nom », écrit par Maya Angelou.  A considérer comme le deuxième tome d’une autobiographie qui en compte sept.

Maya Angelou, née Marguerite Johnson en 1928 aux Etats-Unis, fut poète, écrivaine, actrice, enseignante et réalisatrice.

Elle a vécu en Egypte, au Ghana. Reviendra aux Etats-Unis en 1965 pour travailler avec Malcom X, rencontré en Afrique. Il est assassiné. Elle devient alors la coordinatrice new-yorkaise de l’organisation de Martin Luther King.

En 2013, en tant que militante des droits civiques américains, elle a reçu le National Book Award pour « service exceptionnel rendu à la communauté littéraire américaine ». Elle a côtoyé Nelson MandelaMartin Luther KingMalcom X et James Baldwin qui l’a incité à écrire. Nous sommes en 1968.

Elle est décédée le 28 mai 2014 à l’âge de 86 ans des suites d’une longue maladie.

Figure emblématique de la vie artistique et politique aux Etats-Unis, Maya Angelou est l’autrice de 7 autobiographies, de 3 essais et de plusieurs recueils de poésie. Elle a joué au théâtre, au cinéma et a participé à de nombreuses émissions télévisées.

 

 

Le premier tome de son autobiographie « Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage », publié en 1969, lui a valu un succès et une renommée internationale.

Si ce premier opus raconte sa vie jusqu’à ses 17 ans, c’est à partir de cette date qu’on la retrouve dans « Rassemblez-vous en mon nom ». Elle a 17 ans et un bébé de 2 mois, Guy.

Née dans le Missouri, Marguerite Johnson est encore bébé quand elle suit ses parents en Californie. Envoyée chez sa grand-mère dans l’Arkansas, elle vit ses premières années dans un Etat où sévit encore la ségrégation.

A 7 ans, avec son frère Bailey, elle retourne vivre chez sa mère, Vivian Baxter, séparée. Elle y sera violée par le nouveau compagnon de celle-ci. Il sera tué quelques jours plus tard par un autre membre de la famille.

Le procès traumatise l’adolescente qui en perd la parole. Retour chez sa grand-mère où une femme d’affaire afro-américaine lui fait découvrir la littérature, lui apprend à prendre confiance. Son retour en Californie marque son entrée dans une école privée. Elle est la première noire à y étudier.

Avant ses 20 ans, Maya Angelou aura été cuisinière, danseuse de claquettes, chanteuse, tenancière de bordel, responsable d’un restaurant. Elle tombe amoureuse. Est quittée. Rencontre un homme qui la met dans un bordel…

Au fil des pages, elle raconte son quotidien. Ses doutes, ses luttes avec clairvoyance, verbe et une volonté farouche. Inébranlable. Parce qu’elle lit. Parce qu’elle croit en son destin. Parce qu’elle n’a pas peur. Elle s’installe ici, part là-bas. Revient chez sa mère, en repart. Toujours en quête.

Extraits

Pages 98-99 :« Une main sur la hanche et la tête penchée, je dissertais, quand Momma s’absentait, sur les merveilles de l’Ouest et le bonheur d’être libre. N’importe lequel de mes auditeurs aurait pu me demander pourquoi, si les choses étaient si formidables à San Francisco, j’avais refait surface dans un patelin poussiéreux de l’Arkansas ? Personne ne posa la question parce qu’ils avaient tous besoin de croire qu’un pays existait quelque part, même au-delà de l’étoile Polaire, où les Nègres étaient traités comme des gens, et où les Blancs n’étaient pas les ogres tout-puissants dont ils avaient l’expérience. »

Page 131 :« A présent, j’étais prête. Les choses s’étaient finalement arrangées en ma faveur. Durant les deux années à venir, j’occuperais la position sûre et digne d’un bon soldat de l’armée des Etats-Unis d’Amérique. 

Ma réserve naturelle, ajoutée à ma prétention à la sophistication, m’empêcha de courir sur-le-champ signer le serment. Je fus capable de me retenir deux jour avant de succomber. 

Debout devant le drapeau, une main sur la Bible et l’autre plaquée sur ma poitrine, je jurai de défendre mon pays contre ses ennemis, etc. Les graves évocations, les nobles intentions m’émurent tant qu’à la moindre provocation j’aurais fondu en larmes patriotiques. »

Page 227 :« Pépé Ford exprima sa désapprobation :

- Ton frère me parait cinglé. Il dit qu’il va lâcher son boulot. C’est pas le moment de quitter le rail. Il a ses repas gratuits. Des pourboires. Il peut gagner de quoi mettre du beurre dans ses épinards, pas vrai ? Les nègres n’ont que deux solutions aujourd’hui, m’est avis. Ou continuer à coucher avec la vieille Madame Southern Pacific ou bien coucher dans la rue. (Il ricana.) Et il est cinglé mais pas assez pour la rue. Merde. Il me rappelle ces petits juifs. Il est intelligent comme eux. Mais les petits juifs, eux, y trouvent de quoi ouvrir un petit commerce. C’est comme ça qu’ils débutent. N’importe quel business qu’il essaie de monter en marge de la loi, faudra qu’y soit plus malin que de la merde de moustique. Pour ne pas aller en taule. Vaut mieux qu’il reste sur le rail. »

« Rassemblez-vous en mon nom », Maya Angelou, Notabilia, 18€.

Laisser un commentaire

*