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Rentrée littéraire hiver 2021

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Ils seront 493 au total à essayer de trouver une place sur les tables des libraires. Ils ? Les romans de cette rentrée littéraire d’hiver. Par eux, 153 romans étrangers et 64 premiers romans dont nombre écrits par des femmes.

On commence ?

Pour moi, ma pile des livres de la rentrée a débuté avec « Ce matin-là », de Gaëlle Josse. Une autrice qui a grandi dans l’Indre comme nous l’explique mon collègue de Châteauroux ici

Gaëlle Josse, web rédactrice pour un site internet signe là son dixième roman. L’histoire ? Très contemporaine pour le coup. C’est celle de Clara. Une jeune femme pour qui, un jour, tout lâche. Sa vie, son métier. Employée dans une société de crédit, elle n’y trouve finalement plus de sens. Le traitement d’un dossier la fait basculer.

Amis, amours, famille, collègues, tout se délite. Burn-out ? Dépression ? Tout se mélange. Tout la transforme. La détruit.

Des semaines, des mois de solitude, de vide, s’ouvrent devant elle. Pour relancer le cours de sa vie, il lui faudra des ruptures, de l’amitié, et aussi remonter à la source vive de l’enfance.

On a tous connu, un jour, « ce matin-là « , cette envie de tout envoyer valdinguer, trop fragile pour rester dans la course. Une trajectoire parmi tant d’autres pour mieux en prendre la mesure. Pour mieux se donner le temps de trouver le bon tempo.

 

Venue à l’écriture par la poésie, Gaëlle Josse a publié son premier roman « Les Heures silencieuses » en 2011. Elle a obtenu de nombreux prix pour ses différents romans.

Diplômée en droit, en journalisme et en psychologie clinique, elle travaille à Paris et vit en région parisienne. Elle anime, par ailleurs, des rencontres autour de l’écoute d’œuvres musicales et des ateliers d’écriture auprès d’adolescents et d’adultes.

Extraits 

Page 28 : « Elle se voit ingurgiter du sécable, du dispersible, du soluble, du buvable, du croquable, de l’avalable, quantité de molécules qui vont murmurer à son cerveau que tout va bien. Elle n’est pas certaine d’avoir souhaité cette réponse-là, mais il faut bien calmer ces palpitations, ces insomnies, cette pince qui broie l’estomac, cette gorge nouée, et tout ce qu’elle n’é pas voulu voir, pas voulu entendre depuis des semaines, depuis des mois. »

Pages 55-56 : « Désoeuvrée. C’est ce que lui a dit Laetitia, son amie, l’infatigable, la solaire, celle de la salle de sport, celle des apéritifs prolongés, avec son haut front clair de vierge flamande, ses foulards colorés dans les cheveux et ses histoires de mecs à n’en plus finir. Joyeuse, sensuelle, Laetitia. Clara se demande comment elle fait, parfois. Tu ne vas pas rester comme ça, désoeuvrée. Le mot a marqué Clara. Désoeuvrée, sans oeuvre à construire, sans tâche, sans utilité, une vie de paramécie, de lentille d’eau, de mousse, de lichen. Des heures sans bouger du canapé. Elle se dit qu’elle va finir par se confondre avec la couleur des coussins, et ce serait bien, les animaux se rendent invisibles pour se protéger des prédateurs. […] »

Pages 96-97 : […] A quoi ressemble leur vie ? Elle se dit qu’elle aimerait échanger la sienne contre n’importe quelle autre, au hasard, dans une sorte de pacte, comme dans les légendes. Sa vie aux enchères. A qui la veut. Elle s’arrête, étourdie, marque le pas devant une vitrine dont elle ne regarde rien, elle aperçoit son reflet entre les marchandises exposées. C’est donc cela qu’elle est devenue en quelques semaines, ce visage crayeux aux traits tirés, lèvres fermées, cheveux attachés, regard éteint. Elle se reconnaît à peine. Elle se met à haïr ce reflet, c’est donc moi, ça ? Cette ombre, ce passe-muraille, cette invisible égarée dans la foule ? « 

 « Ce matin-là », Gaëlle Josse, Noir sur Blanc, Notabilia, 17€.

 

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