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Rentrée littéraire

la fuite

 

Un premier roman, ça faisait longtemps, non ? Je sais, c’est un peu ma marotte ! Cette fois, je vous entraine dans l’univers imaginé par Paul-Bernard Moracchini, un trentenaire qui se partage entre Nice, La Corse et bientôt Paris, nous explique sa maison d’édition, Buchet Chastel.

Après un parcours scientifique bien rempli, ce dernier a choisi de se consacrer uniquement à l’écriture et la composition. Musicien professionnel (guitariste, chanteur et harmoniciste) au sein de plusieurs formations, Paul-Bernard Moracchini n’a jamais cessé d’écrire depuis qu’en 2015, il a été été lauréat du Prix Jeune écrivain.

« La fuite » est donc son premier roman. L’histoire ? C’est celle d’un homme et d’une fuite. Devenu prisonnier d’une société, d’un mode de vie qu’il a fini par mépriser, un homme, jeune, s’en va. Comme ça. Quitte la ville, sa vie pour s’enfoncer dans la forêt. Sans que l’on sache précisément où. Seul un chien, Lione, l’accompagnera dans sa quête d’autre chose.

Un roman ramassé, qui laisse entendre une petite musique un peu désespérée. Une errance onirique, parfois poétique, mais avec, toujours, un fusil à la main.

 

L’ancien petit garçon qui avait grandi à la campagne avant de devoir rejoindre la ville pour raisons de santé, retourne alors à son animalité.

 

Extraits

 Page 29 :« On la croirait remontée des profondeurs abyssales, puis abandonnée au soleil d’une terrasse d’été. Le jabot de murène craquelle sur toute sa surface. Mon regard le parcourt de bas en haut pour se figer sur une bouche fripée comme un derrière de chien et peinturlurée d’une rouge sang de boeuf. Comme je la regarde avec insistance, la triste vamp s’esclaffe. Spectacle d’épouvante. Elle me ramène soudain à tout ce que je voudrais laisser derrière moi. Son masque pittoresque des campagnes a pu me tromper un moment, mais elle est en réalité aussi insupportable que les hommes de la ville, que les hommes du train ou ceux de la gare. Plus je fuis et plus j’ai besoin de fuir plus loin encore. Mon seuil de tolérance envers mes semblables est au plus bas. Il ne s’agit plus de quitter le quotidien morne d’un carcan social, c’est au-delà… »

Page 67 : « Plusieurs semaines passèrent. La peau tannée du sanglier était posée sur ma couche et, après chaque repas, je m’étendais sur le lit tandis que mes orteils se perdaient entre les soies et les poils longs de la hure. Alors j’ m’égarais à la fantaisie d’une sieste. C’était devenu une habitude, un caprice modeste, mais confortable. D’ailleurs, j’avais à présent tout le confort nécessaire, ou peut-être avais-je sans le savoir revu à la baisse ma notion du confort. »

Page 121 :« La rencontre avec Camille devait être aussi fade et superficielle qu’une de nos présentations PowerPoint puisque je ne m’en souviens que de manière très vague. Suite à une romance à distance de quelques mois, ma femme obtint sa mutation pour venir s’installer dans ma toute nouvelle acquisition : un petit pavillon de banlieue. la maison était accompagnée d’un crédit dont le nombre d’années dépassait celui de mes anniversaires, ainsi que d’un chien dont la race ne soupçonnait même pas la notion de chasse. Mais je portais le masque aveuglément et avais alors la conviction profonde que tout cela me plaisait et même me correspondait. »

« La fuite », Paul-Bernard Moracchini, Buchet Chastel, 14€.

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