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Rentrée littéraire

YVES RAVEY

© photo : Hélène Bamberger

 

Rendez-vous avec un habitué des rentrées littéraires : Yves Ravey, romancier et dramaturge, vit à Besançon où il enseigne les lettres et les arts plastiques. Il a publié une quinzaine de romans et revient avec  » Trois jours chez ma tante « .

Vous trouverez ici et puis , deux autres précédents romans chroniqués :  » Un notaire peur ordinaire «  et  » Sans état d’âme « .

 

 

TANTE RAVEY

 

Yves Ravey use, au fil des romans, d’un style implacable. C’est vif, court… et rondement mené. On se laisse embarquer sans la moindre appréhension, sûr (e) d’apprécier les trouvailles de l’auteur et ses personnages un peu en marge.

La preuve encore avec  » Trois jours chez ma tante « .

 

L’histoire ? C’est celle de Marcello Martini ( le narrateur) qui, alors qu’il a quitté la France précipitamment vingt ans auparavant, est convoqué au chevet de sa fantasque tante Vicky, installée désormais en maison de retraite. Une femme d’affaires aguerrie qui, ces années durant, a contribué financièrement aux dépenses de son neveu, sa seule famille désormais et qui fut, des années années, son secrétaire particulier. Jusqu’aux petits arrangements avec la légalité du directeur financier, dénoncé anonymement par Marcello ( or celui-ci vient de sortir de prison), et au départ pour le Liberia. Là-bas, Marcello dit avoir créé une école, un centre de formation. En réalité, de lucratifs ateliers de confection qui emploient des enfants. Et des ONG sont sur le point de découvrir le pot aux roses…

Bref, Vicky a décidé de le déshériter et Marcello, délinquant en col blanc, va tout mettre en oeuvre pour l’en empêcher. Il a trois jours devant lui. Pas un de plus.

Ajoutez à cela une ex-femme cupide et une fille qui pourrait être la sienne et vous avez tous les ingrédients d’un roman cynique et drôle à la fois.

Extraits

Page 100 :  » Ne mélangeons pas tout, Lydia. Ce que tu dois retenir, pour l’instant, c’est que je traverse une mauvaise passe, mais que les choses vont s’arranger. Il faut le reconnaître, je le redis, un chèque de ma tante nous donnerait, à toute mon équipe et à moi, un sacré coup de pouce. J’ai dit aussi que ça permettrait de mieux travailler avec les associations humanitaires.

Quelles organisations humanitaires ? m’a demandé Lydia. Je lui ai servi les noms les plus médiatiques, ensuite j’ai dit que c’était moi qui gérais les fonds sur place. Je lui serais reconnaissant, de ce fait, de prendre toutes les précautions avec ma tante, d’abord vérifier la validité du chèque. Aussi, ce n’était peut-être pas la peine d’en parler, par exemple,  à Gaëtan Lièvremont. Lydia a haussé les sourcils, Gaëtan n’avait rien à voir là-dedans, il avait assez à faire avec l’avocat de Walter. « 

Pages 150-151 :  » Plus tard, sur la tombe de ma mère, petit carré de gazon entretenu par les soins de Vicky, j’ai demandé à mon ex-femme, si le rapport de Gaëtan Lièvremont sur mon activité au Liberia passait par elle. Et Lydia a dit oui. Mais elle ne l’avait pas transmis à ma tante, alors qu’elle était censée s’y employer. J’ai voulu savoir si elle le ferait avant mon départ ? Elle m’a répondu qu’elle avait promis de me venir en aide, c’était le contrat, et pour que ce contrat soit honoré, Vicky ne devrait rien savoir de mon activité réelle en Afrique. De ce fait, Lydia se tairait. J’aurais donc mon chèque. Je suis resté un instant sur la tombe de ma mère, à l’ombre des cyprès.

A la fin, j’ai entendu la voix de Lydia. Elle m’a rappelé que ma tante nous attendait. « 

Page 183 :  » Ma tante commençait à rédiger. Je la guettais par la porte entrouverte. J’ai suivi de loin, une seconde, le tracé de la plume crissant sur le papier. Un premier trait penché. Continue, ma tante… ! : à l’ordre de… Je me suis approché : Tu marques Marcello Martini, n’oublie pas, je reviens dans une minute.

Je suis descendu en vitesse saluer la directrice. Qui ne s’est pas levée à mon entrée. Vu son sourire, elle ne semblait pas mécontente de me voir partir. « 

 » Trois jours chez ma tante « , Yves Ravey, Les Editions de Minuit, 15€

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