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RAVEY  Les semaines passent et les piles de nouveautés littéraires sont toujours aussi hautes ! Il en faudra encore des semaines et des semaines pour découvrir et lire les petites pépites de cette saison 2015.

Parmi elles, le nouvel opus écrit par Yves Ravey. Quatrième de couv vous avait déjà parlé ici de cet auteur pour « Un notaire peu ordinaire ».

L’auteur sexagénaire livre ici un nouveau roman très court, comme à son habitude. Une histoire à la mécanique bien huilée.

Et de haute précision cette fois encore.
Yves Ravey, romancier et dramaturge, vit à Besançon où il enseigne les lettres et les arts plastiques. Il a publié une douzaine de romans.

 

L’histoire ? Elle se tient dans l’Est de la France, à la campagne, en Franche-Comté. C’est là que vit Gustave Leroy, que tout le monde surnomme Gu. L’homme est chauffeur routier et sillonne les routes de l’Europe de l’Est. Il vit dans la maison de son père, ancien ouvrier agricole, menacé d’expropriation par la mère de son amie d’enfance, Stéphanie. Une jeune femme qu’il aime depuis toujours. Une jeune femme qui vit une histoire d’amour avec John Lloyd, un Américain fortuné. Un jour, ce dernier disparaît alors qu’il quitte le dancing où justement Gu se trouvait aussi…

Stéphanie demande à son vieil ami de mener son enquête. Ce qu’il fera, sans y mettre beaucoup de conviction. Et pour cause. L’affaire se complique pourtant quand débarque du Texas le frère de la victime, Mike… Gu s’enferme dans ses mensonges.

Pas de scène de crime, une victime et un coupable que l’on connaît dès les premières pages, une économie de mots et d’effets… l’univers d’Yves Ravey se laisse à nouveau découvrir. Sobre. Mais pointilleux. C’est Gustave qui nous raconte. Un monologue à la fois vif… et désespéré.

Extraits

Page 32 : « J’en voulais à Blanche à cause de cette menace qui pesait sur mes épaules : notre maison, qui risquait d’être démolie d’un jour à l’autre. Mais depuis un certain temps, j’avais trouvé le moyen de racheter les murs, du moins en partie. Et je voulais contraindre Blanche à me revendre la propriété, et à poursuivre sur un autre terrain son projet immobilier.

Mais en attendant, je ne voyais pas comment redresser la situation, sauf à continuer de rendre service à Stéphanie, chercher son John Lloyd, ou tout au moins, faire semblant pour qu’elle ne cesse pas d’espérer, et qu’ainsi, je n’éveille aucun soupçon. »

Pages 65-66 : « […] J’ai dit à Stéphanie où j’en étais dans mes recherches, pour continuer à lui donner le change, mais sur un mode négatif, cette fois : J’en avais assez ! Les pistes explorées au cours de mon enquête ne conduisaient nulle part. Il lui faudrait admettre, ou jour ou l’autre, que son fiancé était parti en voyage et qu’il ne reviendrait jamais. Je n’avais reçu aucun signe d’une éventuelle présence de John dans la région. Elle m’a répondu qu’il fallait continuer. Qu’elle ne perdait pas espoir. J’ai la sensation qu’il n’est pas loin, je ne sais pas pourquoi…, a-t-elle ajouté. »

Page 119 : « Il est venu à ma rencontre : Te voilà, Gu ! Il a parlé de sa voiture de location dans la rivière. Il m’a décri le godet de l’excavatrice qui heurte le métal sous l’eau, le conducteur d’engin qui descend de son siège, qui regarde l’eau noire, le pare-choc de la voiture pendu à une dent du godet, le véhicule qui remonte, surgit. La voiture tirée hors de l’eau par un câble d’acier, ruisselante, avec le treuil de la dépanneuse.

Plus loin, j’ai aperçu Betty, accompagnée de Personnaz, qui parlait avec Stéphanie. Je me suis demandé ce que Betty  faisait là. Ella a murmuré quelque chose à l’oreille de Stéphanie en me désignant. Stéphanie est revenue, elle m’a dit : Ecoute Gu, il faut que je te parle. Elle m’a demandé d’où je venais. A ce moment-là, un homme qui était peut-être le directeur du chantier, ou un contremaître, un casque orange sur la tête, a demandé à Stéphanie si elle pouvait venir parce qu’on venait d’ouvrir le coffre, et il y avait un cadavre dans le coffre. »

« Sans état d’âme », Yves Ravey, Les Editions de Minuit, 12,50€.

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