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Sélection prix Roblès 2016

Et une vraie bonne surprise pour la fin !  « Le cas Annunziato » aura été le dernier premier roman que j’ai dévoré pour cette sélection 2016 du prix Roblès. Un (court) roman de haute volée, enlevé, drôle et loufoque à souhait.

CAS ANNUNZIATO  L’histoire ? C’est celle de Fabrizio Annunziato, traducteur installé à Paris et en visite à Florence. Deux de ses amis l’enferme dans l’une des cellules de l’ancien couvent dominicain San Marco, transformé en musée national.

Plutôt que s’en plaindre, Fabrizio, qui a un manuscrit à traduire va trouver là l’endroit idéal pour mener à bien son travail. Surtout que la belle serveuse habite tout tout près…

L’histoire va, le jour de la découverte de l’enfermement volontaire, trouver un retentissement bien étonnant. Les médias s’emparent de l’affaire du reclus volontaire.

Nous sommes au printemps 2002.  En Italie, Berlusconi fait des siennes et la population est dans la rue, c’est la grève générale. En France, la campagne électorale pour les présidentielles bat son plein.

Dans sa cellule, Fabrizio vit quelque chose de fort. Intense. Intime.

 

Yan Gauchard raconte la génèse de ce premier roman.

Nantais, ce dernier est journaliste de PQR à Presse-Océan. Il avait entamé le chapitre de son premier roman il y a quinze ans avant de s’y replonger alors qu’un accident de vélo le cloue chez lui.

Extraits

Pages 12-13 :« Personne ne s’aperçoit de la disparition de Fabrizio Annunziato, hormis ses amis, hilares. Camelia Dei Bardi elle-même a oublié l’épisode funeste, absorbée par la mort de son père : quand elle s’en souviendra ce soir, beaucoup plus tard, elle pensera naturellement que l’homme aura crié, qu’une employée sera venue le délivrer, que ses amis auront protesté, mais non.

La vie de Fabrizio Annunziato se trouve changée en l’espace de deux minutes, d’aspirant-geôlier à prisonnier. Et puis, très vite, la condition de captif se prolonge en raison de la bousculade et de trouble suscités par l’annonce de la mort du père de Camelia dei Bardi, – Camelia dei Bardi en pleurs, toute retournée, déconfite, enlaidie par les grimaces de la peine. L’émotion, qui est souvent contagion, s’empare des collègues de Camelia dei Bardi, déjà partie en direction du marché. On ferme le bâtiment de façon précipitée. Le couple d’amis de Fabrizio Annunziato tient sa revanche. Chacun sort, sauf le traducteur. »

Page 55 :« Ce n’est pas une question de surprise, de subite fièvre tachycardique : ça relève de l’effroi. Ce n’est pas tant le physique de Fabrizio Annunziato. Certes, il a changé durant cette fin de semaine mais n’exagérons rien : ce n’est pas Nosferatu non plus. Même hagard, les yeux exorbités, même arborant une barbe épaisse, toutes variations physionomiques qui, conjugées à la torpeur des jours passés, vous dessinent fatalement un masque livide et chassieux, le traducteur n’a rien d’un monstre, pas même le visage trouble d’un fou, dangereux ou non, échappé d’une institution psychiatrique ».

Page 97 : « C’est assez mal partie pour l’anachorète littéraire. Les premiers sondages traduisent le désarroi des Florentins. On soutenait sans faillir la libération du traducteur, ému, amusé et parfois inquiet de ses rocambolesques aventures pénitentiaires. Maintenant, on se demande s’il n’est pas un peu fou, ce qui lénifie sacrément l’ardent soutien originel. Sans compter que, bien sûr : un couvent, même muséographique, reste sacré. N’y habite pas qui veut, de son plein gré s’entend. « 

« Le cas Annunziato », Yan Gauchard, Editions de Minuit, 12,50€

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