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Sélection prix Roblès 2015

Le prix Roblès, c’est reparti ! Depuis 1990, ce prix, créé par les bibliothèques du Loir-et-Cher, est décerné courant juin, par les lecteurs réunis au sein de comités. En course, six premiers romans, sortis récemment, déjà primés ou pas.

Quid de la sélection 2015 ? Elle compte six univers :

- « Le voyage d’Octavio » de Miguel Bonnefoy (Rivages).

- « Constellation » d’Adrien Bosc (Stock).

- « Àÿmati » de Béatrice Castaner (Flammarion).

- « En face » de Pierre Demarty (Flammarion).

- « Les enquêtes de Monsieur Proust »  de Pierre-Yves Leprince (Gallimard).

-  « Karpathia » de Mathias Menegoz (P.O.L.).

Qui succédera à Nicolas Clément, auteur de « Sauf les fleurs » qui avait remporté l’édition 2014 et dont j’avais beaucoup le texte ( redécouvrez le post ici ).

Bosc_AdrienPremière étape littéraire avec « Constellation », d’Adrien Bosc. Ce dernier, âgé de 29 ans, est écrivain et éditeur. Il a fondé les Editions du Sous-sol.

L’histoire ? La quatrième de couverture est, on ne peut plus claire.

 Le 27 octobre 1949, le nouvel avion d’Air France, le Constellation, lancé par l’extravagant M. Howard Hughes, accueille trente-sept passagers.

Le 28 octobre, l’avion ne répond plus à la tour de contrôle. Il a disparu en descendant sur l’île Santa Maria, dans l’archipel des Açores. Aucun survivant. La question que pose Adrien Bosc dans cet ambitieux premier roman n’est pas tant comment, mais pourquoi ? Quel est l’enchaînement d’infimes causalités qui, mises bout à bout, ont précipité l’avion vers le mont Redondo ? Quel est le hasard objectif, notion chère aux surréalistes, qui rend « nécessaire » ce tombeau d’acier ? Et qui sont les passagers ?

Si l’on connaît Marcel Cerdan, l’amant boxeur d’Édith Piaf, si l’on se souvient de cette musicienne prodige que fut Ginette Neveu, dont une partie du violon sera retrouvée des années après, l’auteur lie les destins entre eux. « Entendre les morts, écrire leur légende minuscule et offrir à quarante huit hommes et femmes, comme autant de constellations, vie et récit. »

 

CONSTELLATION Une histoire vraie, un terrible fait-divers donc, au coeur de ce premier roman qui se lit d’une traite et qui, depuis sa sortie, a déjà accumulé plusieurs prix. Parmi eux, le prix de la Vocation, le prix Gironde Nouvelles écritures et j’allais dire surtout, le Grand prix du roman de l’Académie française qui, exceptionnellement, a couronné un premier roman. « Constellation » a aussi trouvé sa place dans plusieurs « short-lists » de prix comme celle du prix Renaudot, du prix de Flore, du prix Jean-Giono et du Grand prix des lectrices de Elle.

Un roman de 193 pages qui mêle les destins, les vies des protagonistes de cet accident aérien qui, en son temps, défraya la chronique. Un livre qui cherche aussi des signes, des corrélations entre les faits, comme pour mieux les accepter.

Extraits

 Page 47 :« Les cinq jeunes bergers émigrent pour revenir, partent pour s’installer plus tard dans la vallée, un détour immense, seule solution qui leur est offerte. L’espoir de retrouver aux Etats-Unis les cousins, frères, amis déjà partis, ces bergers illustres qui avaient troqué les sentiers des Pyrénées pour des montagnes inconnues, un contrat de ranchman de dix, quinze ans au terme duquel ils retournaient au pays, prospères et fiers, devenaient pour les villageois “les Américains”. »

Page 89 : « Prends l’avion, le bateau c’est trop long ! » suppliait Edith la veille au téléphone, le Constellation traverserait l’Atlantique dans la nuit de jeudi à vendredi, il serait à New York au matin, il irait la réveiller. Ils passeraient la journée ensemble, le soir il l’écouterait chanter au Versailles. La prophétie est oubliée. Marinette au téléphone quelques minutes avant l’embarquement fait part d’un mauvais pressentiment, elle est angoissée, il ne lui connait pas de telles alarmes. Il la rassure. Pendant ce temps, Jo Langman arrache aux hôtesses d’Air France trois places sur un vol pourtant complet. Le champion du monde vaut bien un droit de priorité dont font les frais Mme Erdmann, directrice d’une maison de parfum, et un jeune couple d’Américains en voyage de noces à Paris. Au bar de l’aéroport, flanqué de ses deux acolytes, Marcel trinque à la reconquête.

LaMotta me paiera cher sa dérobade ! « 

 Page 104 :« A Paris, les quotidiens brodent jusqu’à l’épuisement du filon le feuilleton des Açores. Aux théories échafaudées, aux experts interrogés, aux récits romancés de l’expédition succède l’attente des grandes pompes funèbres. Le dénouement s’étire tandis que, meublant les colonnes, pisse-copies de service livrent leurs statistiques : 585.851 personnes ont traversé l’Atlantique depuis 1945, 20.205 trajets dans les deux sens. L’éphéméride d’une semaine de Toussaint, une liste de noms oubliés, de ministères renversés, de faits divers, d’anniversaires et de festivités. De unes en entrefilets, d’informations sous le trait en titrailles tapageuses, de publicités en vignettes, cahiers, éditions spéciales, un ensemble de papiers collés d’où s’extrait, aux cris des vendeurs de rue et des rotatives, le cadavre exquis de l’invariable marche du monde. Et défilent à toute vitesse, miniaturisées et enroulées en bande de microfilms, les actualités. »

Mon avis

Adrien Bosc avait là un sujet en or, avec un drame, des « pipoles », des personnages secondaires pittoresques… Assurément de quoi concocter un roman à succès. On le lit très rapidement, on passe sur les redites et le style un peu simple. Un livre qui ne me laissera cependant pas de souvenirs impérissables.

Assez d’arguments pour décrocher le prix Roblès 2014 ? Ce serait aller un peu vite en besogne. Il en reste encore cinq à lire !

« Constellation », Adrien Bosc, Stock, 18€.

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