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Sélection prix Roblès 2014

Nouveau voyage littéraire dans la sélection du prix Roblès de cette année. Qui décrochera le prix cette année ? Réponse en juin. En attendant, à vos livres !

Cette fois, je vous fais découvrir le premier roman de Sophie Van der Linden, « La fabrique du monde », paru chez Buchet-Chastel, en septembre dernier.

Née en 1973, Sophie Van der Linden vit à Conflans-Sainte-Honorine. Elle a publié des ouvrages de référence sur la littérature pour la jeunesse, dont elle est spécialiste.

FABRIQUE MONDEL’histoire ? C’est celle de Mei, ouvrière du textile âgée de 17 ans, en Chine. La jeune femme a quitté sa famille et son village pour rejoindre l’usine depuis plusieurs années déjà. C’est là qu’elle travaille, qu’elle dort, qu’elle mange. Qu’elle vit. Entre cadences infernales, routine abrutissante et vie en communauté. Pour s’évader, Mei n’a que le rêve et le roman donné par sa grand-mère dans lequel elle plonge dès que l’occasion se présente.

Privée de paie et donc de départ pour son village au moment des fêtes du Nouvel an, Mei reste trois jours à l’usine. Elle y rencontre Cheng, un jeune contremaître, également resté là. Ils tombent amoureux. Pendant trois jours, ils vivent une parenthèse enchantée. Mais le retour à la réalité n’en sera que plus douloureux pour Mei qui, adulte en devenir, ne veut plus suivre les règles du jeu édictées par l’usine, mangeuse d’hommes et d’âmes.

Dans cette vidéo, Sophie Van der Linden raconte son roman

Extraits

Page 37 : « Et je me vois là, dans tout ça. Une petite Chinoise de dix-sept ans, une paysanne, partie à l’usine parce que son grand frère entrait à l’université. Quantité des plus négligeables, petite abeille laborieuse prise au piège de sa ruche. Enfermée là pour une éternité. »

Pages 99-100 : « Réveillée par le chant des premiers oiseaux, je garde les yeux fermés. C’est qu’il est tard. J’aime l’été lorsque leurs chants me réveillent avant l’heure du lever. Sans bouger, au sortir du sommeil et pas encore dans ma vie éveillée, dans ce bref intervalle, tout est possible, imaginable, derrière mes paupières fermées. Mes plus folles idées, hors de contrainte ou de contrôle. Un jour, je fais revivre Grand-Mère qui vient me chercher à la porte de l’usine afin de me conduire en ville pour recommencer une vie nouvelle, un autre je suis une dame jouant du p’i-p’a dans un jardin fleuri baigné du seul murmure des ruisseaux et du souffle qui agite les feuilles dans les frondaisons… Avec la liberté du rêve et la force de ma volonté, toutes  les vies sont à ma portée. Mais ce matin, le rêve est là, à mes côtés, avec sa peau douce et chaude. Sa main s’attarde à m’effleurer. Je laisse venir un sourire qui se transforme en baisers. »

Page 145 :« Sur son passage, j’ai fait valser ma paire de ciseaux. Ostensiblement. Il a hurlé. J’ai répondu. Et il ne s’est rien passé d’autre. Si, le regard des autres. Et le sien. Haineux. »

Mon avis

Voilà un récit d’apprentissage que même les plus jeunes lecteurs peuvent lire. Sophie Van der Linden est une spécialiste de la littérature pour la jeunesse et ça se voit. Dans ce roman de 156 pages, une histoire simple, âpre et tragique à la fois.  Le tout dans un style simple. L’évocation des rêves de Mei offre des parenthèses poétiques. Pas de ces romans qui laissent des souvenirs impérissables mais l’histoire est exotique et bien menée.

« La fabrique du monde », de Sophie Van der Linden, Buchet-Chastel, 13€.

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