Flux pour
Articles
Commentaires

Un roman d’aventure, ça vous dit ? Voilà ce que nous propose François Garde qui signe avec « Pour trois couronnes », un roman enlevé. Peut-être même meilleur que son premier roman « Ce qu’il advint du sauvage blanc » qui rafla nombre de prix dont celui du Roblès l’an dernier. Mais, ce n’est que mon avis. En tout cas, vous pouvez lire ce que j’en pensais ici.

poster_314142

Loin de l’aventure incroyable mais vraie de son héros Narcisse Pelletier, ce jeune pousse vendéen abandonné sur une côte australienne et recueilli par des Aborigènes avant de réapprendre à vivre auprès d’un scientifique, François Garde signe là un roman plus contemporain qui nous mène en divers endroits de la planète.

Normal peut-être pour l’auteur qui avant d’être vice-président du tribunal administratif de Grenoble, occupa plusieurs postes de conseiller de cabinets ministériels et fut aussi administrateur supérieur des Terres australes et antarctiques françaises et aussi secrétaire général du gouvernement de Nouvelle-Calédonie.

 

L’histoire de « Pour trois couronnes » ? C’est celle d’un curateur aux documents privés. Oui, vous avez bien lu. Voila le métier que Philippe Zafar s’est inventé. Préposé au classement d’archives personnelles de défunts, Philippe Zafar, installé aux Etats-Unis, est sollicité par des familles pour mettre des affaires définitivement en ordre.

Alors qu’il est chargé d’éplucher les archives de Thomas Colbert, magnat du commerce maritime récemment décédé, il trouve un texte court, manuscrit. Et plutôt compromettant pour son auteur. Une longue enquête peut alors commencer. Jusqu’à Bourg-Tapage, île exotique et ancienne colonie française, imaginée par l’auteur, et l’histoire pas banale de Benjamin Tobias. 

Thomas Colbert a-t-il, contre trois couronnes, à l’autre bout de la Terre, couché avec une femme aux yeux cachés qui neuf mois plus tard mettait au monde un fils, trésor sans nom dans cette île si particulière ?

Au fil des pages, et un siècle passé, le lecteur est embarqué sur trois continents dans les pas de Philippe Zafar. Mais faut-il absolument savoir et faire connaître la vérité ? Parallèlement au travail de fourmi mené par le narrateur, le lecteur découvre aussi le portrait de Philippe Zafar, issu d’une famille libanaise dont le père est décédé dans de curieuses circonstances.

Extraits

Page 19 :« Chaque facture, chaque lettre, le moindre ticket conservé sans raison apparente pouvait déclencher des larmes, des regrets, des rancunes, des aigreurs. Un étranger, en y mettant de l’ordre, y mettait la paix. De même que des professionnels rigoureux et sans visage assuraient la toilette mortuaire et rendaient à la famille un défunt présentable, de même un autre professionnel anonyme avait sur ranger les papiers épars, et ne laisser à la famille que les choix essentiels. 

Je n’avais rien à perdre. Ni la prospection de clients dans l’immobilier, ni la traduction, ni la spéculation en Bourse, ni la fabrication d’accessoires de mode ne m’avaient retenu. Je décidai d’exercer ce métier que je venais d’inventer. Plusieurs appellations étaient possibles : archiviste ultime ; documentaliste funéraire ; classificateur post mortem. J’optai pour une expression plus neutre et vaguement solennelle : curateur aux documents privés. »

Pages 127-128 : « Dans sa confession tardive, Thomas Colbert avait fait masse des deux épisodes. Dûment rétribué, il avait réévalué le prix à sa façon. Les trois couronnes, qui dans son texte semblaient le prix convenu, résumaient et représentaient la collection de monnais, l’argent et les bijoux dérobés. Toujours se méfier des contrats conclus à Bourg-Tapage ». 

Page 238 :« Tel un chien d’arrêt qui cesse de courir partout et, une patte levée, marque la proximité du gibier, je restai enfin immobile. Je gardai le silence. Tout était en place. Tout était résolu. Je ne pouvais rien faire d’autre. Comment lui dire que ce Benjamin Tobias qu’elle regrattait de n’avoir pas noyé enfant ne serait jamais venu au monde si son père n’avait pas proposé cette solution trouvée dans ce recueil de nouvelles à la stérilité de son meilleur ami? » 

Mon avis

Un roman d’aventure vous disais-je. Voilà un livre qui vous fait voyager sans quitter votre fauteuil. On sait grâce à son précédent roman que François Garde aime nous mener par le bout du nez. Cette fois encore, ça fonctionne. Le style, riche mais pas prétentieux sert aussi au voyage. L’histoire qui rebondit quand on ne s’y attend pas, se laisse découvrir jusqu’au bout avec cette vérité qui n’est pas à mettre dans toutes les oreilles… De quoi égayer vos premiers ou derniers jours de vacances en attendant la moisson de la rentrée littéraire. 

« Pour trois couronnes » de François Garde, Gallimard, 20€.

Laisser un commentaire

*