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Christian Oster est un auteur pas banal. Qui, l’air de rien, appuie là où ça fait mal. Comme ça. Nos petites lâchetés, nos manquements du quotidien alimentent ses romans.

OSTER LIVRE

 

La preuve cette fois encore avec « En ville », qui se veut le pendant immobile à son précédent roman qui se présentait comme un road book, « Rouler » dont nous avions parlé ici.

 

Né en 1949, Christian Oster, qui fut étudiant en Lettres, a fait de multiples petits boulots avant de devenir correcteur pour différentes maisons d’édition. Il devient écrivain d’abord par le biais de polars. Son premier roman, « Volley-ball » est publié en 1989, aux éditions de Minuit.

Dix ans plus tard, « Mon grand appartement » obtient le prix Médicis. En 2001, Oster signe « Une femme de ménage », adapté à l’écran par Claude Berri. Il est également auteur de nombreux livres pour enfants.

 

(Babelio.com)

(Babelio.com)

 

Aux éditions de Minuit, Christian Oster a publié « Volley-ball », « L’Aventure », « Le Pont d’Arcueil », « Paul au téléphone »,« Le Pique-nique », « Loin d’Odile », « Mon grand appartement », « Une femme de ménage », « Dans le train », « Les Rendez-vous », « L’Imprévu »,« Sur la dune », « Trois hommes seuls », « Dans la cathédrale ».

Aux éditions de l’Olivier, il a publié « Rouler » en 2011 puis « En ville ».

 

L’histoire de « En ville » ? C’est celle d’une bande d’amis qui vit au coeur de Paris. De connaissances plutôt. Ils se fréquentent assez rarement mais ont pris l’habitude d’aller en vacances ensemble. Lors d’un dîner, les détails sont fixés. Mais les événements qui vont se succéder les jours suivants vont tout mettre en péril.

Il y a Georges, journaliste financier, qui vient d’être quitté et qui tombe amoureux, William, ancien dentiste devenu artiste, qui fait une embolie pulmonaire, Paul (médecin), et Louise (restauratrice de meubles) qui envisagent de se séparer mais pas avant la fin des vacances et Jean, le narrateur qui travaille dans une maison d’édition, qui apprend qu’il attend un enfant d’une femme, Roberta, qu’il n’aime pas.

Là, dans un périmètre géographique finalement limité à quelques quartiers de Paris, des drames se nouent. Des situations se compliquent. Et le temps file. Casse, délite, empêche…

Dans cette vidéo, l’auteur nous explique son cheminement.

Extraits

Page 12 :  » Nous partions ensemble depuis trois ans et ignorions presque tout de nos vies avant cette date, excepté pour William, qui nous a rejoints avec son verre alors que nous étions déjà dans la cuisine. « 

Page 70 : « J’ai réfléchi à ça ensuite. Je ne dirais pas que j’étais horrifié, mais je n’étais pas certain de pouvoir cohabiter avec Georges. En même temps, j’appréhendais un peu l’avenue de Versailles. Le problème était sa savoir si Georges se révélerait rassurant. Il risquait surtout de se révéler invivable. N’importe quel homme, du reste. Je n’arrivais déjà pas à cohabiter avec une femme. C’est faux, ai-je pensé. Plusieurs fois trois ans, quelquefois cinq, une fois sept. Le temps, en définitive, avait passé vite. Emoussé l’agacement. Il l’aiguise, sans doute, ai-je pensé, quand il traîne, mais l’émousse dès qu’il file. C’est avec lui qu’on trompe ceux avec qui on le passe. « 

Page 79 :  » Au total, si mes calculs étaient justes, je n’aurais dans le pire des cas qu’un enfant, et ce avec Roberta Giraud, qui ne m’en demanderait sans doute pas d’autre. Ca restait énorme, évidemment. J’ai tenté de ne plus y penser et j’y suis parvenu assez bien parce que je manquais d’outils pour adopter une position viable. L’implication me demandait un travail d’imagination que je n’étais pas en mesure de fournir et la désinvolture me semblait inappropriée. J’ai donc opté provisoirement pour l’oubli. Ou plus précisément pour le classement. « 

Mon avis

 Christian Oster s’attaque au groupe. C’est nouveau. Et c’est bien. Cette fois, le lecteur est plongé dans une ambiance à la Sautet, du style « Vincent, François, Paul et les autres ». Jean raconte des hommes et des femmes à la santé et au moral souvent défaillants. Il nous parle des silences qu’on préfère afficher et de ce temps qui affaiblit, qui atrophie, qui nous fait douter. L’univers d’Oster est toujours émaillé de petites pépites. C’est encore le cas avec ce roman presque immobile.

 » En ville » de Christian Oster, aux éditions de l’Olivier, 18€.

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