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Comment écrit-on un livre ? Comment et où puise-t-on l’inspiration ? A quel processus l’auteur doit-il s’astreindre ? Jean-Philippe Toussaint a choisi de nous raconter comment il travaille en publiant « L’urgence et la patience« ,  sorti en mars aux Editions de Minuit.

Et là, nous découvrons que rien ne se fait dans la facilité. En tout cas, pas pour lui.

« L’écrivain doit aller au fond de soi, vers les territoires de l’urgence », explique l’auteur à l’univers si particulier dans la vidéo ci-après.

Jean-Philippe Toussaint, c’est en effet, entre autres, l’auteur de « La salle de bain« , « La réticence » et la fameuse  trilogie des romans que sont « Faire l’amour« , « Fuir » et « La vérité sur Marie« .

 Un univers atypique pour un auteur qui l’est tout autant. Jean-Philippe Toussaint, belge, est auteur mais aussi cinéaste, plasticien et l’origine de l’exposition  » Livre/Louvre« , actuellement visible au musée… du Louvre .

Parallèlement à « L’urgence et la patience« , il a publié « La main et le regard » où le lecteur retrouve les images de l’exposition du Louvre. Et Jean-Philippe Toussaint d’expliquer : « Ce qui m’intéresse, c’est de mettre en relation des éléments qui ne sont pas nécessairement équivalents, une gravure de Dürer et une photo de Zidane, des tableaux de la Renaissance et des mains de lecteurs dans le métro de Tokyo. »

Auteur « transversal », Toussaint nous plonge dans les affres de sa création. Et nous raconte ceux qui l’ont inspiré.

 

 

Extraits

Page 22 : « L’expérience douloureuse de l’écriture de La Réticence, livre que je n’arrivais pas à écrire, que j’ai failli abandonner plusieurs fois – j’étais empêtré, je ne m’en sortais pas, mais je serrais les dents, je continuais à creuser, je m’accrochais, invoquant la figure de Kafka et les idéaux les plus doloristes de l’écriture –, m’a amené à décider de ne plus jamais écrire de cette manière, je ne voulais plus souffrir de la sorte, il fallait changer de méthode. Dès lors, je n’ai plus travaillé que porté par un élan, pendant des sessions d’écriture limitées dans le temps, de quinze jours à trois mois maximum, entrecoupées de longues périodes où je faisais autre chose, où je n’écrivais pas, où je vivais – ce qui peut également être utile« .

 Page 28 : « Tout commence et tout finit toujours par la patience dans l’écriture d’un livre« .

Page 40 : « L’urgence est fugitive, fragile, intermittente. L’urgence, telle que je la conçois, n’est pas l’inspiration. Ce qui en diffère, c’est que l’inspiration se reçoit, et que l’urgence s’acquiert. Il y a dans le mythe de l’inspiration – le grand mythe romantique de l’inspiration – une passivité qui me déplaît, où l’écrivain – le poète inspiré –, serait le jouet d’une grâce extérieure, Dieu ou la Nature, qui viendrait se poser sur son front innocent. Non, l’urgence n’est pas un don, c’est une quête. Elle s’obtient par l’effort, elle se construit par le travail, il faut aller à sa rencontre, il faut atteindre son territoire« .

Mon avis

Pas de hasard. Le processus d’écriture, la genèse d’un roman ne s’improvise pas. Jean-Philippe Toussaint nous explique en 107 pages comment il procède, quelle alchimie il tente de créer et comment sa méthode a d’ailleurs pu changer au fil du temps. Aujourd’hui, elle se dessine entre ces deux élements contradictoires que sont l’urgence et la patience.

Dans ce court livre, l’auteur nous explique aussi ceux qui lui ont donné envie d’écrire. Des auteurs, des hommes… et aussi des textes. Comme Crime et châtiment.

De quoi en savoir davantage sur Jean-Philippe Toussaint, l’obsédé des hôtels, – ces lecteurs fidèles comprendront ! – et des états d’âme.

« L’urgence et la patience », de Jean-Philippe Toussaint, Editions de Minuit, 11€.

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