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L’amour vu par Christian Gailly, ce n’est jamais cousu de fil blanc. La preuve encore avec le recueil de huit nouvelles publiées en janvier dans «  La roue et autres nouvelles« .

 

Christian Gailly (photo Hélène Bamberger)

Deux ans après Lily et Braine, Christian Gailly est de retour avec un recueil de nouvelles. Dans lesquelles rien n’est simple. L’amour ne se laisse pas faire. Les rencontres échouent et les histoires se compliquent bizarrement.

 

 

 

Peut-être plus que dans ses précédents romans (« L’incident« , « Un soir au club« , Be-Bop« , « Dernier amour« , etc.), le lecteur reste un peu décontenancé et déconcerté par plusieurs des trames des nouvelles. Rien n’est figé. Tout peut changer. Etre bouleversé par le hasard. Ou les réponses incongrues d’un des personnages. Comme toujours chez Gailly, il est question d’amour ou de son absence, d’incompréhension, de non-dits, d’ennui. Voire pire.

La preuve avec l’une des nouvelles,  » Le perroquet rouge« .

Page 29. « La femme que je prétends aimer a tout de suite vu que dans ma question il n’y avait rien, ni argent, ni idées de cadeaux, ni amour, tout juste un peu de ma mauvaise conscience, or, en amour, la mauvaise conscience, qu’est-ce ? Bref, elle n’est pas plus bête qu’une autre, la femme que je prétends aimer, elle le serait plutôt moins, alors pour se venger, de moi, de ma question, qui était, je le rappelle  : Qu’est-ce qui te ferait plaisir pour ton anniversaire ? elle m’a répondu : Que tu m’écrives l’histoire du perroquet rouge. »

Le lecteur n’est pas au bout de ses surprises…

Autre caractéristique de ce recueil, la présence dans quatre des nouvelles d’un écrivain. Comme par hasard. Un homme qui pour éviter la peur de la page blanche va aller changer la roue d’une automobiliste sous un soleil de plomb ou préparer un gâteau pour une voisine… Quand il ne se met pas lui-même en scène ! Là, nous sommes dans « Mon client de quatre heures« .

Page 65. « Le premier ne répondit pas, quant au second : Jamais, alors je leur racontai la scène que j’avais lue dans un roman, de Gailly Christian je crois, qui s’appelait je crois l’Incident, oui, c’est ça, et où l’on voyait deux gendarmes faire des misères à un pauvre type amoureux fou d’une aviatrice. »

La vie selon Gailly, c’est un peu comme une musique. Une musique de jazz. Qui donne envie de battre la mesure. Ou pas. Dans ce recueil, la musique qui transpire des pages est, à mon sens, moins présente que dans les autres titres de l’oeuvre de l’auteur. Dommage ! « La roue et autres nouvelles« , n’est pas, à mon avis, la meilleure façon d’entrer dans l’univers de Gailly, pourtant original. Et swinguant.

 « La roue et autres nouvelles », de Christian Gailly, aux Editions de Minuit, 13€

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