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Au printemps dernier, les éditions Nil lançaient une petite collection intitulée Les Affranchis. L’idée ? Propose à des auteurs de rédiger « la lettre qu’ils n’ont jamais écrite », sous un format court. En partant de cette fameuse Lettre au père que Kafka avait préféré ranger dans un tiroir. Quand écrire reste la seule issue, la lettre s’offre comme une dernière chance…

Un exercice de style qui permet à l’auteur de raconter un fait marquant de sa vie, d’invoquer un lieu ou un moment fort de son existence au fil de quelques pages. C’est la très fine et toujours sensible Annie Ernaux qui avait  inauguré la collection en s’adressant à sa sœur décédée avant que l’auteur voit le jour, dans « L’autre fille ». Un petit bijou comme d’ailleurs le reste de la bibliographie de cette auteure du « moi ». A découvrir absolument pour tous ceux et celles ( elle parle divinement bien des femmes à travers sa propre histoire ! ) qui ne la connaissent pas encore.

Quête de vérité, non-dits enfin dévoilés… permettent au lecteur de s’approprier le texte. Après Annie Ernaux, c’est Bruno Tessarech avec « Vincennes », qui s’est plié à l’exercice avec une lettre adressée cette fois à un lieu, où l’auteur rend un vibrant hommage à Vincennes et notamment à son université. Nicolas d’Estienne d’Orves avec « Je pars à l’entracte », lui, a livré le témoignage d’une vibrante amitié de jeunessse qui a finalement laissé des traces indélébiles, à plus d’un titre. Ont suivi « A l’enfant que je n’aurai pas », de Linda Lê et « Monsieur le Commandant », de Romain Slocombe.

Comme une mise au point, un focus fait à un instant T, cette lettre-texte se fait témoignage. Souvent fort et poignant. Le dernier opus sorti de la collection dirigée par Claire Debru a été écrit par Yves Simon, et s’intitule « Un homme ordinaire ». Il parle de son père.

 » Tu souffrais dans ta chair, dans tes muscles, d’un travail de damné, qu’en était-il des souffrances de ton âme ? Tes regards d’épagneul me disaient que tu ne souffrais ne rien. Jamais je n’ai pu, ou voulu entrevoir, ce que dissimulaient tant de silences. »

« Un homme ordinaire », collection Les Affranchis, aux éditions Nil, 7€.

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