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Première rencontre pour moi avec l’univers de Véronique Ovaldé. Je n’avais pas plongé dans  » Ce que je sais de Vera Candida », énorme succès de librairie, – le titre vient d’ailleurs de sortir chez J’ai lu, en poche donc –, pas plus que dans ses précédents romans. Au détour d’une émission de radio, j’ai eu envie de me laisser envahir par  » Des vies d’oiseaux », qui est paru à la rentrée aux Editions de l’Olivier.

Jolie rencontre, pour le coup !

Dans un pays qui n’est jamais nommé, Vida Izzara mène une vie de femme oisive et riche à la fin des années 90. Tirée de son environnement originel et de la terrible ville d’Irigoy (dont on dit qu’autrefois les hommes et les chiens s’y sont mélangés), la fille d’un pauvre joueur de luth vit avec son mari Gustavo et leur fille unique et adorée Paloma sur la colline Dollars, cité prospère et protégée de la misère.

Mais un jour, tout bascule. Paloma, 21 ans, quitte brutalement ses parents pour rejoindre Adolfo, ce jeune jardinier que sa mère lui avait présenté. Depuis un an, les deux tourtereaux, pour ne pas dire les deux coucous, écument les maisons vides de leurs propriétaires, partis en vacances. Ils y vivent, piochent dans les victuailles, les alcools… sans jamais rien y voler cependant.

Un flic, Taïbo, alerté par Vida qui sait que quelqu’un est venu dormir chez elle en son absence, se penche sur ces affaires et…  tombe amoureux de cette femme délaissée.

Au fil du roman, ce sont ces personnages que l’on suit. Vida la pauvre devenue riche mais vide. Gustavo et ses signes extérieurs de richesse, Paloma et la rage qui l’habite depuis qu’elle a compris comment fonctionnait le monde… et le couple de ses parents, Adolfo enfin. L’enfant abandonné par sa mère, maltraité par son père et qui, coûte que coûte, arracherait avec les dents s’il le faut sa place au soleil… Lui aussi vient d’Irigoy.  Tragique estampille comme nous le raconte Véronique Ovaldé, à la page 64 :  » Dire que vous veniez d’Irigoy équivalait à dire que vous veniez d’un territoire qui ressemblait à la banlieue du monde, un terrain vague entre deux échangeurs au milieu de rien. Le strapontin du monde. « 

Comme pour des oiseaux dans le ciel, l’auteure croise ces trajectoires. Tout aurait pu être si différent dans une autre vie !

Celle de Taïbo, d’abord. Page 33 :  » Taïbo fait semblant d’avoir une vie normale de célibataire qui loge dans un mobil-home. Parce qu’ici personne ne peut comprendre cela. On peut vous écouter ou vous consoler une ou deux semaines après un deuil ou une rupture. Mais dix ans après on vous prendrait pour un maniaque. « 

Celle de Vida, ensuite  (page 42) :  » Mais si Paloma revient à la maison, n’est-ce pas une façon de montrer à son amoureux la manière dont ses parents vivent, Paloma doit la juger comme on juge ses parents à vingt ans et Vida n’a pas grand-chose à dire pour sa défense, ou du moins pas ce soir, alors elle se couche, elle est infiniment triste, et juste avant d’éteindre la lumière elle se dit “Mon Dieu il me semble bien être vivante dans ma tombe ” ».

Puis celle d’Adolfo. Page 133 :  » L’étrange coucou que c’était. Qui avait choisi de se civiliser ( jusqu’à un certain point), mû par le désir de séduire tout un chacun, de répondre à l’attente, de s’infiltrer partout, dans tous les milieux et de regarder le monde à travers les yeux de ceux qui n’avaient rien vu de ce que lui-même avait vu. N’est-ce pas toujours ainsi qu’il opérait ? « 

Et celle de Paloma, enfin. La jeune femme n’appelle plus ses parents « papa » et « maman » depuis qu’elle a 8 ans. Fille unique, elle avait une amie, Chili, morte d’une leucémie. Elle court, s’entraîne et se désespère du piège dans lequel son tombés ses parents.

Entre Paloma et Adolfo, ce sont deux univers qui se téléscopent. La petite fille riche étudiante en droit et le gamin qui, à 14 ans, a compris qu’il devait fuir son père tout en protégeant son petit frère.

Au final, plusieurs histoires d’amour qui se tissent sur une trame faite de désillusions et de repentirs. Une quête de liberté à plusieurs voix aussi. Pour rappeler qu’elle s’acquiert souvent ( tout le temps ?) dans la fuite.

Chouette voyage !

 

« Des vies d’oiseaux », de Véronique Ovaldé, aux Editions de l’Olivier, 236 pages, 19€.

Une Réponse à “Partir pour être libre… enfin”

  1. Morgane dit :

    Je n’ai pas lu celui-ci mais « Ce que je sais de Vera Candida » est très très bon… On se laisse emporter dans l’univers de Véronique Ovaldé… Je le conseille vivement!

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