Quatrième de couv

Je n’avais jamais lu un roman de Pascale Kramer  jusqu’à celui-ci, le dernier, intitulé  » Un homme ébranlé ». C’est la qualité de son écriture, dont j’avais entendu l’éloge en me promenant au hasard sur la bande FM, qui a fait que j’ai eu envie d’aller voir de plus près l’univers de cette auteure. Bien m’en a pris. 

L’histoire ? C’est celle de Claude, âgé de 50 ans et atteint d’un cancer. Désormais sans rémission puisqu’il n’a pas voulu se battre dès le départ. C’est aussi l’histoire de Simone, la femme de sa vie. Mais pas la mère de ses enfants. Ses enfants justement. Il y a Cédric, marié, papa et rempli de certitudes. Et il y a Gaël, le fils né d’une aventure avec la jeune Jovana. Gaël a onze ans et n’a jamais rencontré son père. Jusqu’au jour où Claude décide qu’il est temps de le faire. Moments difficiles entre un pré-ado malhabile et son père qui lutte contre le mal qui le ronge. Jour après jour. Entre ce gamin sorti du passé et Simone qui en devient presque jalouse et ne sait plus comment aimer Claude. Déjà, elle se met à imaginer l’après, quand il ne sera plus là. Moments difficiles encore entre ses membres d’une même famille qui se recompose et un quartier d’une banlieue à feu et à sang. Dans la maison qui s’offre comme un cocon se joue pourtant une âpre bataille. Contre le temps qui passe, contre les illusions perdues.

Pas de faux-semblants et de phrases imagées pour décrire la décrépitude d’un homme, pour décrire les sentiments qui étreignent Simone. Le livre se déroule sur une période courte. La langue de l’auteure suisse Pascale Kramer sonne, frappe. Sans prendre de gants.

Page 14 :  » Si Claude mourait, s’était-elle dit aussi, ce ne serait plus elle la dernière personne qui aurait compté, mais ce fils né d’un amour interdit jamais véritablement guéri, et elle ne l’avait tout simplement pas supporté. La jalousie avait laissé sa peine et sa révolte en sursis : qu’elle soit hors de propos soudain lui ôtait un poids de ressentiment, et le chagrin lui monta au visage.  »

Bref, une manière efficace de rentrer dans l’univers de Pascale Kramer.

 » Un homme ébranlé », de Pascale Kramer, au Mercure de France, 15€.