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Vous allez fatalement entendre parler de Whiplash ce mercredi 24 décembre, jour de la sortie de ce film américain, encensé par la critique.

Il y a de bonnes raisons d’aller voir ce film de Damien Chazelle. Mais si c’est parce que vous aimez le jazz, vous serez déçu.

Whiplash, c’est l’histoire d’un jeune homme qui rêve de gagner le 100 m aux Jeux olympiques. Et qui est prêt à tous les sacrifices pour décrocher cette médaille, y compris à travailler sous la direction d’un entraîneur sadique, à souffrir moralement et physiquement à outrance, à risquer sa vie même pour atteindre son but.

Whiplash-1200

On vous a dit que Whiplash, c’était l’histoire d’une confrontation entre un jeune batteur de jazz et un professeur sadique ?

C’est exactement ce que je viens de vous dire.

Dans ce film, il est question de dépassement de soi, de travail acharné, d’abnégation et même de martyrisation. Au cas où on n’aurait pas vraiment compris, les mains du jeune batteur saignent en vrai, comme Jésus.

Parce qu’il est question de performance. Mais jamais de musique, et encore moins de jazz.

La nuance ? L’interprétation ? L’écoute des autres ? Aux oubliettes.

Manque encore plus que tout, l’interaction, ce fameux « interplay » dont Bill Evans a même fait un titre d’album et qui est au coeur du jazz puisqu’elle nourrit l’improvisation, individuelle et collective.

Wiplash n’est définitivement pas un film sur le jazz.

Ce n’est pas non plus un cadeau pour le jazz, que de faire croire à des milliers de spectateurs qu’un grand jazzman est un technicien hors pair qui sait tenir un tempo infernal. A l’image du chorus final de batterie dans le film, hystérique et sans âme.

Dommage. Mais vous pouvez quand même aller voir WhiplashSurtout pour J. K. Simmons, l’acteur qui joue le professeur, au talent hallucinant. Digne d’un Anthony Hopkins dans Le Silence des agneaux. La vraie performance artistique de ce film, c’est lui.

 

 

 

9 Réponses à “Pourquoi « Whiplash » n’est pas un film sur le jazz”

  1. Hervé dit :

    Totalement d’accord avec Dexter,
    je ne suis pas un expert de jazz mais j’aime le rythme dans toutes les musiques, justement le solo est tout simplement bluffant.Le jazz est juste un support et ce n’est pas film qui le décrit.
    Le but du film est de montrer que le dépassement de soi et la persévérance n’est pas sans quelques sacrifices…; le sujet en est surtout le professeur et sa « tyrannie » et jusqu’où peut-on être prêt à aller pour assouvir ses rêves les plus fous.
    Effectivement J.K Simmons est impérial, il est un comme un ovni dans ce film.

  2. Sophie dit :

    Je viens de regarder ce film et je le trouve vraiment pas intéressant, en plus d’avoir un scénario grossier au développement très habituel ; il fait partie de ces films qui veulent nous parler d’art sans trouver le moyen de vraiment le partager.
    Je trouve tout d’abord certaines images grossières comme le batteur qui travaille jusqu’au sang ou le vieux conflit Abel/ Caïn trés caricatural et pas follement écrit. La légitimation de la violence et l’intimidation comme unique moyen pédagogique est navrante et dangereuse, oui il y a eu Charlie Parker (unique anecdote de l’histoire du Jazz utilisée 3 fois) mais il y a eu plein d’autres histoires Qui pourraient être tout autant matière à apprentissage.
    Je ne suis pas une érudit du jazz mais j’aime la musique et je suis entourée de musicien ; dans ce film personne ne dit qu’il aime la musique ni pourquoi, Mes amis et moi passons des heures à partager les musiques à dire ce que nous aimons et à dire pourquoi nous les aimons, leurs histoires, les légendes… C’est ce que j’aimerais dans un film sur la musique. J’aimerais que d’une certaine façon le réalisateur me donne à aimer et à goûter quelque chose qui le touche et pour lequel il a de l’intérêt pas un manuel de torture.
    Il faut bien voir que le scénario est un scénario de film de sportif (cf : » Ricky bobby roi du circuit » qui nous donne toutes les grosses ficelles du genre) c’est un film sur la performance et le lien avec Manaudou est très juste. J’ai beaucoup pensé aux films sur la danse classique également. Et même si en musique la performance est vraiment importante il y a obligatoirement plus. Quand on entend parler les musiciens de Jazz ils sont habités d’un amour presque divin qui me touchent beaucoup, Une honnêteté et une intégrité face à la musique qui est extraordinaire !
    En plus il m’a semblait remarquer des erreurs de tempos et leurs baguettes sont bien trop propres on ne dirait pas qu’ils ont joué pendant des heures a coup de cercles, de cymbales ou de cloches. Pour moi ce film est tout aussi inutile, fallacieux que dangereux.

  3. Manu dit :

    Ce n’est pas un film sur la musique.
    C’est un film sur la passion dévorante qui vous pousse au plus profond de vous même.
    Prenez Laure Manaudou et Philippe Lucas et vous faites le même film dans les bassins de natation.
    Film superbe.
    N’empêche que… si vous ne mettez le doigt au bon endroit au bon moment….

  4. philbec dit :

    Avec mon fils de 11 ans, élève batteur, nous venons de voir ce film et il a trouvé ça passionnant. Il ne c’est bien sure pas arrété au rôle du prof. tyranique qui remplace sa famille mais est resté focalisé sur le batteur et son instrument. Et que ce soit du Jazz comme ici auquel il n’entand rien, je suis le seul de la famille a écouter cette musique, comme du rock and roll qu’il perçoit mieux c’est le rythme qui l’emporte et
    qui rend ce film prodigieux.
    Phil et Luk

  5. Moulin dit :

    Je ne sais pas si vous avez déjà pratiquer de la musique, mais s’il y a bien une chose fausse dans votre critique c’est le solo sans âme. Je ne suis pas vraiment un fan des solo de batterie (en ayant fait peut être que je ressent mieux les choses) mais celui là m’a ému au larmes, cette impression de belle musique. Il y a différent Jazz, celui présenter dans le film semble être le Jazz des meilleurs musiciens du monde, le jazz de conservatoire, pas celui qui fait vendre des disques. En tant que tel je ne vois pas en quoi il dessert le jazz. Certes la Mélodie (et non la musique) passe au second plan mais c’est justement le parti pris du film de se focaliser sur le batteur et cette originalité en plus de la façon dont il est filmé est très apprécié.
    J’avoue que j’aurai eu beaucoup plus de mal a apprécié le film si je n’avais pas fait de batterie, néanmoins c’est le cas, ce film est un chef d’oeuvre.

    • lapieblesoise dit :

      Cher Romain,tous les avis sont dignes d’intérêt. Je ne partage pas le vôtre sur ce solo, sans doute parce que je n’ai pas ressenti ce film de la même façon que vous.
      Ceci dit, je n’ai pas dit que c’était un mauvais film. Mais que le parti-pris de la performance se faisait au détriment de l’esprit du jazz (l’écoute, l’interaction entre les musiciens, etc) et je maintiens ce point de vue.
      Pour ce qui est de l’amour du jazz, je conseille plutôt de voir ou revoir » Autour de minuit » de Bertrand Tavernier. Si vous aimez la belle musique et les émotions, vous devriez adorer.

    • Thomas dit :

      En fait, je pense que c’est justement l’inverse… Le jazz décrit dans ce film est justement celui qui vent des disques, car il est lissé, catchy à souhait (sans nuances ni écoute comme le dit la critique). C’est un « Big Band », c’est-a-dire un jazz fait surtout pour faire danser, assez grandiose, mélangé à la Funk et au Latin, ou alors pour émouvoir aux larmes avec des opérettes magnifiques de thèmes comme « My funny Valentine »… (qui à la base est un morceau très très minimaliste) Ça serai faire un certain amalgame de dire que tout les conservatoires pratiquent ce jazz. Cela dépend surtout des professeurs, ou du directeur pédagogique de la filière. Ce solo de batterie à la fin du film peu prendre au trip car il est très impressionnant, très « Big Band » en fait, on a même pas besoin d’y prêter attention, il arrive à nos oreilles tel un « Big Bang » (haha).

      Dans toute les formations jazz que j’ai eu, on m’a apprit la confiance en ses partenaires, l’écoute, l’inverse de la compétition entre musiciens, pour permettre à chaque individu de s’exprimer selon sa sensibilité, et de tenter de la mélanger à celle des autres, pour créer de la musique vivante, changeante, interactive. Tout le contraire d’un Big Band ou tout est écrit à l’avance, un peu comme dans la musique classique. On ma souvent répéter que je devait faire de la musique pour moi, et non pour un professeur ou une belle fille ;).

      Ce film n’en reste pas moins excellent bien sur, pour la mise en scène, le jeu d’acteur, la réalisation poignante, l’incroyable dévotion d’un homme dans un domaine qu’il aime. Et je rejoint la critique là ou elle dit qu’il ne faut pas que les spectateurs non musiciens pensent que le jazz « c’est ça »…

      (désolé pour les quelques fautes d’orthographe)

    • Dexter dit :

      Tout à fait d’accord avec toi. Pour moi ce film est un chef d’œuvre. Et même si la musique n’est qu’un support au scénario et aux interrogations que l’on peut avoir sur l’acharnement, le plaisir dans la douleur, l’enseignement etc, cette musique sonne (j’ai étudié la musique au conservatoir et joué entre autre en big band durant plus de 20 ans)

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