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Vendredi 8 octobre 2010, scène du Petit Faucheux à Tours : en première partie du magnifique concert du trio de Stéphane Kerecki, les étudiants de l’école Jazz à Tours offrent le résultat de trois jours de masterclass avec le saxophoniste ténor Tony Malaby.

Huit jeunes, plutôt talentueux il faut le dire. Mais pas une seule fille.

Un pianiste, un contrebassiste, deux saxophonistes, deux bassistes électriques, un contrebassiste, deux batteurs. Mais pas une seule fille.

En vedette de la soirée, le trio + 1 de Stéphane Kerecki, légèrement modifié pour cause d’indisponibilité de Matthieu Donarier. Outre Kerecki à la contrebasse, Thomas Grimmonprez à la batterie, Thomas Savy à la clarinette basse et au sax soprano. Et Tony Malaby au sax ténor.

Quatre musiciens que j’adore, quatre très grandes pointures du jazz hexagonal et international, quatre créateurs inspirés auxquels j’aurais pu faire dédicacer chacun un de mes albums préférés de ces douze derniers mois : Houria, Bleu, French Suite, Pas de dense.

Mais pas une seule fille.

Des filles dans le jazz, il y en a pourtant. Je ne parle pas des chanteuses de variété anglo-saxonne, mais de contrebassistes (Joëlle Léandre, Hélène Labarrière), de batteuses (Anne Paceo, Julie Saury), de saxophonistes (Géraldine Laurent, Lisa Cat-Berro, Céline Bonacina, Sophie Alour), de chanteuses (Claudia Solal, Elise Caron, Mélanie de Biasio), de pianistes (Carine Bonnefoy, Sophia Domancich, Eve Riesser, Nathalie Loriers)… pour ne citer que quelques Françaises et Belges d’aujourd’hui, liste évidemment non exhaustive.

Alors, pourquoi si peu de filles dans le jazz ? Dans les écoles de jazz, les groupes de jazz, les scènes de jazz ? Et même les auditrices de jazz d’ailleurs, à vue d’oeil (mesure incroyablement scientifique !) dans les concerts où je me rends.

Si vous avez une idée, une analyse, une piste de réflexion… Je suis curieuse de les lire !

8 Réponses à “Jazz : où sont les filles ?”

  1. ptilou dit :

    let’s rock Ayant appartenu à un groupe rock de lycée, (que j’ai presque préservé au jour d’aujourd’hui) il faut bien avouer que les filles ne se mêlait pas trop de ces affaires là : les grattes, la basse, les drums, voire le chant… c’est beaucoup de manip et de poids, c’est beaucoup de bruits et de fureur et c’est une passion qui n’enthousiasmait pas les « filles »… Tina Weymouth, Chrissie Hynde, Corinne de Téléphone furent presque des pionnières et on aurait rêvé d’avoir une bassiste femme

  2. bravo Franpi, je n’ai rien à rajouter à cet argumentaire, auquel je souscris pleinement. Bravo.

  3. Franpi dit :

    Si Peu Il y a si peu de filles parce que la société est sexiste. Ce n’est pas « dans le jazz » ou « dans l’entreprise ». C’est dans la société ; il n’est pas seulement question « d’empêchement », il est juste peut être question d’éducation qui dès l’enfance consacre les filles au matériel et les garçons à la liberté sans se poser la question de l’Enfant en tant que tel. Le problème avec le jazz actuel, c’est que dès qu’une femme, souvent une vocaliste, puisque -n’est-ce pas- c’est ainsi que les filles font de la musique, apparait, qu’elle soit talentueuse ou non, c’est le piquant et le charme qui passe en premier. Mina Agossi, Robin McKelle, Lisa Ekhdal, sans tomber dans les extrêmes infatuées comme l’infortunée Melody Gardot, toutes sont affublées de termes lexicaux liés à leur plastique. Ou alors, ce sont des musiciennes accomplies, respectées et portées aux nues stylistique. Ben dis donc… Comme dans le monde du Travail !Ce qui est intéressant dans la dernière catégorie, c’est de voir les musiciennes qui arrivent à percer, leur univers si fort, leur liberté, leur questionnement sur la musique (Claudia Solal, Joelle Leandre, Jeanne Added, Isabelle Olivier, Anne Pacéo.. Et bien sur la divine Elise) non pas parce que ce sont des femmes, mais parce que se sont des musiciennes qui ont su imposer leur monde et leur esthétique. Cela prouve une chose : la différence n’est sexuée que parce que la société l’impose ; et que dans l’art peut être plus qu’ailleurs, être féministe est un combat du quotidien.F.

  4. le jazz aux filles ! @Belette : Les filles à l’intendance, ça aussi, c’est une forme de division sexuelle du travail et bien sûr que ça relève de la sociologie. @Ptilou : on est d’accord, ce n’est pas une question de nombre, mais quand il y en a si peu, on ne peut s’empêcher de se demander si certaines n’ont pas été « dissuadées » malgré elles.Je pense que le jazz, c’est aussi un terrain à investir pour les filles, si elles en ont envie. Y compris comme simples auditrices !

  5. ptilou dit :

    JazzElles Au diable la quantité, pourvu qu’il y ait la qualité… (comme avec les noms listés ci dessus);-)

  6. Belette dit :

    Des filles, il y en a, mais souvent de l’autre côté On compte énormément de groupes de mecs dont la chargée de diffusion est une fille. Beaucoup de mecs sur scène, beaucoup de filles hors scène. Sans systématiser, c’est assez fréquent. Mais chez les jeunes on trouve quand même Fanny Lasfargues, Alexandra Grimal, Eve Risser, et d’autres.Comme Mimi, je penche pour une explication sociologique qui dépasse largement le cadre du jazz.

  7. Prolétaires du jazz Mimi, merci pour cet avis très motivé ! Mais dans le jazz en France aujourd’hui, les hommes aussi ont des statuts précaires, proches du prolétaire.Ce qui m’étonne, c’est que même dans les rangs des plus jeunes, on trouve très peu de filles intéressées par cette musique. Forcément, moins de filles au départ dans la pratique amateur, encore moins de femmes professionnelles à l’arrivée, avec entre les deux d’autres freins peut-être qui pénalisent encore plus les femmes ?

  8. mimi dit :

    Peut-être Peu de femmes ? Où y a-t-il beaucoup de femmes ? Ni dans la peinture, ni chez les compositeurs de musique, ni chez les traders, ni ni ni ni… Peut-être dans la littérature, dans l’écriture, dans la mise en scène un peu, beaucoup à la sortie des écoles, des crèches, dans les bureaux subalternes…Où y a-t-il beaucoup de prolétaires ? Ni dans la peinture, ni chez les compositeurs de musique, ni chez les traders, ni dans l’écriture, ni dans la mise en scène, ni ni ni ni, nulle part, sauf au boulot ou au chômage, non ?Alors, femme et prolétaire !De là à en déduire que c’est une question de classe pour les unes et les autres, avec une condition d’oppression séculaire ajoutée pour les femmes, j’y suis !

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