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Les feuilles mortes et la pluie. L’entame du concert solo de Jacky Terrasson au club de La Chesnaie samedi soir était en accord avec la saison.

Si « Autumn leaves » a du mal à m’enthousiasmer, même à la sauce déconstructiviste du pianiste, dès les premières notes du second morceau, j’ai fondu…

« Nantes » est ma chanson préférée de Barbara, et sous les doigts de Jacky Terrasson, les notes ont coulé, roulé, percuté,  comme les perles de pluie venues d’un pays où il pleut beaucoup…

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Dès lors, impossible d’avoir le moindre regard critique sur le déroulement du concert. Un regard embué par contre, oui et plus d’une fois, envahi d’une indescriptible émotion, suscitée par des silences en suspension, des ruptures aussi, aux accents souvent enfiévrés, parfois douloureux.

Il faut l’avouer, on n’a pas beaucoup rigolé à ce concert de Jacky Terrasson. Sauf pendant « Tragic mulatto blues », on n’est pas à un paradoxe près à la Chesnaie (*). Il faut dire qu’un des spectateurs avait décidé d’imposer à Jacky sa propre vision rythmique de la chose, ce qui n’a pas été sans instants cocasses, malgré l’extrême bonne volonté du pianiste.

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Pour le reste, j’ai le sentiment d’avoir partagé un moment d’intimité  avec un musicien hors normes, joueur sous tension jusqu’à risquer d’y perdre sa chemise,  littéralement habité, hanté peut-être même parfois, incroyablement inspiré en tout cas.

Avec au bout des doigts une technique époustouflante, et heureusement ! Avec tout ce que le patron a à exprimer, il ferait beau voir que ça ne suive pas. Quand Jacky Terrasson a décidé de faire vivre un orchestre symphonique entier sur ses 88 touches, il le fait. Et le « Boléro » de Ravel en ressort tout ragaillardi.

« Mirror » a été un album difficile à enregistrer, confie Jacky dans ce petit film que je vous invite vivement à découvrir. Samedi 12 décembre à La Chesnaie, Jacky Terrasson ne s’est pas contemplé le nombril dans le miroir. Il a donné, il s’est livré, et je n’ai pas eu de mal à penser qu’il était sacrément beau, ce concert solo.

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(*) La Chesnaie est un club particulier. Il fait partie intégrante d’une clinique psychiatrique, ouverte sur l’extérieur. Depuis 20 ans, les plus grands noms du jazz hexagonal sont venus y jouer (en savoir plus)

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