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Le Z Band, collectif de blogueurs amateurs de jazz, publie à chaque changement de saison une note sur un thème commun.
Pour faire la grimace à l’hiver, c’est de « jeunes pousses » dont nous avons eu envie de parler cette fois-ci.
Vous trouverez à la fin de cette (longue) note le jardin complet de cette édition.

J’ai choisi de vous présenter Benoit Lavollée, 30 ans, vibraphoniste.

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(photo Jean-François Grossin)

Benoît Lavollée est enseignant en percussions classiques, joue régulièrement avec l’orchestre d’Orléans et l’orchestre d’harmonie de la région Centre.

Il pratique  le sound painting avec Walter Thomson au sein du collectif Paint Atonik, et  fait partie du quintet Zoot (lauréat du grand prix de Salon de Provence en 2006 et vainqueur du tremplin Orléans jazz en 2007).

Benoît Lavollée a créé son trio, constitué depuis un an de Baptiste Dubreuil (piano, Fender Rhodes) et Nicolas Larmignat (batterie).Entre autres participations, Baptiste Dubreuil a composé trois morceaux pour un concert unique du « Grand Loudsadzak » de Claude Tchamitchian, Nicolas Larmignat joue dans le « Rocking Chair » d’Airelle Besson et Sylvain Riffet.

On commence par les découvrir avec un court extrait vidéo, filmé en live  à Orléans le 12 décembre dernier.


 

Et là, de suite, on a quelques questions à poser à Benoît, à commencer par cette couleur musicale très…. percutante.

Benoît Lavollée : « Ce côté percussions, on adore ça tous les trois ! Les percussions, c’est mon domaine,  je les ai  pratiqués jusqu’à plus soif dans ma formation classique, jusqu’à devoir m’arrêter de jouer pendant six mois à cause d’une tendinite au bras gauche. J’ai un vrai goût pour le rythme, et je pense que c’est ce qui ressort dans mon jeu, au marimba comme au vibraphone.  »

Et être fou de percus, ça exclut la basse ?

Benoît Lavollée : « En fait, c’est sur Baptiste (Dubreuil) que ça retombe, c’est lui qui assure la basse la plupart du temps, il n’a pas la partie la plus facile ! Ne pas avoir de basse, c’est pas mal, ça nous oblige tous à jouer différemment. Pour l’écriture, j’avoue que c’est une contrainte plutôt intéressante. »

Vibraphone, claviers, batterie, c’est plutôt peu commun comme trio ?

Benoît Lavollée :  « A l »origine, c’était mon projet de fin d’études à Jazz à Tours. Je voulais prendre le contrepied des formations ultra-classiques des autres,  et comme j’étais très très fan du projet « Underground » de Chris Potter, où il n’y a pas de basse, je suis partie sur cette idée. Avec deux musiciens avec lesquels je jouais déjà dans Zoot, Bertrand Hurault à la batterie et Baptiste Dubreuil au piano, parce qu’il faut avouer que j’étais légèrement à la bourre… »

Et alors ? (suspense insoutenable)

Benoît Lavollée : « J’ai eu mon diplôme ! Mais surtout, on a eu des supers retours sur ce concert,  ça nous a donné envie de poursuivre Baptiste et moi. On a travaillé pendant un an avec Mogan Cornebert à la batterie. Et puis Mogan est parti. Alors on a pensé à Nicolas Larmignat,  qui habite Orléans et que tout le monde connaît, on en parlé autour de nous, mais on n’osait pas l’appeler, on se disait qu’il serait trop pris par ses projets sur Paris… »

Et alors ?? (pire)

Benoît Lavollée : « Eh bien, le bruit a fini par lui arriver aux oreilles… »

Et alors ??? (mortel)

Benoît Lavollée :  » Il nous a dit : Yes ! quand est ce qu’on joue ? »

Ouf ! Le trio travaille d’arrache-pied depuis un an, et l’affaire commence à prendre une belle forme. Après le concert du 12 décembre au théâtre d’Orléans, Benoît Lavollée, Baptiste Dubreuil et Nicolas Larmignat ont pris une journée de repos, puis dans la foulée, se sont retrouvés en studio pour enregistrer trois titres.

Et pour vous, en exclusivité mondiale, l’un de ces trois titres fraichement enregistrés : « Vivant »

Ils te plaisent autant qu’à moi, ces trois morceaux ?

Benoît Lavollée : « Depuis, je suis sur un petit nuage ! On vient de franchir une marche, on a vraiment construit quelque chose, humainement comme musicalement. Avec une vraie volonté de chacun de s’investir dans ce projet. J’ai pu constater que notre musique plait à pas mal de publics différents, des gens qui aiment le jazz, des copains venus du classique…  »

Tes compositions percutantes (!) peuvent pourtant être assez déroutantes…

Benoît Lavollée : « Même si parfois, ça semble partir dans tous les sens, je garde toujours en tête une notion mélodique et harmonique, j’y tiens ! Pendant mes études à Jazz à Tours, j’ai beaucoup écouté  Steve Coleman, ou Aka Moon, j’en ai bouffé, j’aime ça, mais c’est une musique plus dure à défendre, plus abrupte. La mélodie, l’harmonie, j’en ai envie aussi. D’ailleurs, si je lâchais le vibraphone pour la batterie, c’est ce qui me manquerait. »

Ton vibraphone, on ne peut pas dire que tu en joues de façon très conventionnelle, « beau et joli », si tu vois ce que je veux dire ?

Benoît Lavollée : « Tu sais, quand j’ai eu ma tendinite à 20 ans, et que je me suis arrêté de jouer six mois, un copain m’a emmené à un concert de Franck Tortiller avec Mike Manieri. Je ne savais pas qu’on pouvait faire de la musique comme ça avec cet instrument… La rencontre avec le jazz, avec Franck Tortiller qui m’a donné des cours pendant trois ans, c’est ce qui m’a sorti de l’impasse où je me trouvais à ce moment-là dans le classique. Je ne comprenais plus pourquoi je jouais. »

Dix ans plus tard, Benoît Lavollée alterne les concerts classiques et jazz avec bonheur,  sans oublier le sound-painting avec Walter Thomson.

Eclectique, un brin iconoclaste, avec un indéniable attrait pour le risque, prompt à se remettre en cause sans renier ses acquis, Benoît Lavollée a également hérité de ses années de forçat du classique d’une technique instrumentale de haut niveau.

Avec Baptiste Dubreuil, complice de longue date, et Nicolas Larmignat, frère en percussions, le vibraphoniste d’Orléans dispose du meilleur terreau. La floraison s’annonce – n’ayons pas peur des mots –  éblouissante !

A consulter, le site internet de Benoit Lavollée, et son myspace, où l’on peut voir une vidéo de soundpainting avec Walter Thomson… et découvrir les trois tout nouveaux morceaux du trio Lavollée/Dubreuil/Larmignat.

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(photo jazzOcentre)

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Le jardin des jeunes pousses du Z Band comprend les espèces suivantes, tout aussi remarquables :

 

  • Jazz chronique & coup de coeur : Triphase (Anne Pacéo)
  • Native Dancer : Mary Halvorson (from Boston)

 

 

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