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Cordes et âmes, une publication simultanée des blogueurs du Z Band, est consacrée aux guitaristes. J’ai choisi  John Scofield, né le 26 décembre 1951 à Dayton (Ohio, Etats-Unis).

still_warm« Ce que j’aime dans cet album, c’est que le guitariste joue comme un saxophoniste » : c’est ce que j’ai dit à celui qui m’avait fait écouter mon premier Scofield, Still Warm. Le gars, qui s’essayait au picking, l’avait mal pris.

Pourtant, c’est vrai. A l’époque, on était dans le milieu des années 80, les guitaristes jouaient à trois à qui tirerait le plus de notes le plus vite possible de sa six-cordes. Passion, grace and fire. Beau, mais ennuyeux, à moins d’être guitariste.

John Scofield, lui, vient de passer trois ans chez Miles Davis . Signant au passage quelques compositions communes, dont le chantant « That’s right » (Decoy). On est en 1985. Still warm est un des albums de jazz-fusion les plus aboutis de la période, avec ce net penchant pour le funk que Scofield ne soignera jamais, et tant mieux.

 

C’est donc en toute confiance que j’achetai, quelques semaines plus tard, un autre album de John Scofield. Badaboum ! Pas une note funky dans ce Shinola, enregistré live en 1981, mais un jazz intimiste et mélancolique,  avec une large part d’improvisation dont se délectent autant que Sco ses deux excellents compères, Adam Nussbaum à la batterie et Steve Swallow à la basse.

A l’exception notoire du dernier morceau, sorte d’ovni hard-rock-jazz de 2 mn 30. Un pied de nez peut-être à quelque exaspération du moment ?  Incongru, et à ma connaissance sans lendemain, il donne malgré tout son nom à l’album !

JohnScofield_AGoGoImprévisible Scofield. Le message est vite compris, et il se répète à longueur de carrière. Le guitariste et compositeur est rarement là où l’on pourrait l’attendre. Quitte à passer pour un mercenaire, pire, un opportuniste : que n’a-t-on entendu sur A Go-Go, son premier album avec le trio jazz-funk Medeski, Martin & Wood en 1997 !

C’était oublier que le funk, la soul, ont toujours fait partie de l’univers musical du guitariste. Hand Jive, paru en 1994, avec l’organiste Larry Goldings et le sax ténor Eddie Harris, en est un éclatant exemple.

Avec John Medeski, organiste génialement allumé,  et ses deux compères, l’aventure vire cependant à la quatrième dimension, dans une fusion jazz/hip-hop/électro/blues parfaitement délirante, où Sco n’est  pas en reste. Qui peut rester assis au-delà des trois premières mesures de « What Now », à écouter en version live sur l’indispensable Out Louder, second album du trio + Sco ?

 

sco_works_for_meLa discographie de John Scofield, riche d’une quarantaine d’albums (*) enregistrés sous son nom depuis 1977, recèle nombre de changements de cap.  Il y a des albums de guitaristes ( Grace under pressure, avec Bill Frisell, I can see your house from here, avec Pat Metheny), du rythm n’blues originel (That’s what I say, hommage à Ray Charles), mais aussi du jazz plus conventionnel (avec Dave Liebman, avec Joe Lovano, et récemment  avec Brad Meldhau, Chris McBride, Billy Higgins et Kenny Garrett pour Works for me, excusez du peu )…

 

Et tout ceci non pas en périodes successives, comme les balises d’une quelconque évolution linéaire, mais simultanément, ou presque.  C’est ce qui fait à mes yeux – et mes oreilles ! – le charme de ce guitariste, bon technicien sans être un virtuose du manche, que cette capacité à s’ouvrir sans cesse à de nouvelles expériences, sans renier les précédentes. Dr John et Mr Scofield.

(*) Dont ces trois-là, que j’aime beaucoup, tous différents :
Still warm (1985) , avec Daryl Johns (basse), Omar Akim (batterie), Don Grolnick (claviers).
Time on my hands (1990), avec Joe Lovano (saxophones), Charlie Haden (contrebasse), Jack de Johnette (batterie).
Out louder (2007), avec John Medeski (claviers), Billy Martin (batterie), Chris Wood (basse).

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