Flux pour
Articles
Commentaires

J'ENQUETEJoël Egloff, que je suis depuis son premier roman publié en 1999 ( « Edmond Ganglion & fils »), a su construire un univers bien à lui, fait de personnages un peu inadaptés, pas toujours à l’aise, et un peu foutraques. La preuve encore cette fois avec « J’enquête », sorti au printemps… et totalement adapté pour une après-midi à la plage ou dans un hamac.  Ou dans tout autre endroit, d’ailleurs…

Avec ce sixième roman, le quadragénaire Joël Egloff poursuit son travail d’écriture. Loin des grosses machines éditoriales. Rappelons cependant qu’il a remporté le prix du Livre Inter en 2005 pour « L’étourdissement ».

Avec ce nouveau roman qui, avec son titre, annonce tout de suite la couleur, on se laisse embarquer dans une histoire totalement abracadabrantesque. Ou presque.

Nous voilà dans une petite ville, après Noël. Dans la crèche installée par le prêtre, le père Steiger et son sacristain, M.Beck, l’enfant Jésus a disparu. Il faut trouver qui a fait ça et pourquoi. Rien de tel qu’un privé pour mener l’enquête. Sauf que ce dernier, qui vient visiblement de se lancer dans la profession, est assez approximatif et trop obstiné pour réussir cette affaire pourtant dérisoire. Il s’accroche à des détails qui ne veulent rien dire, à des supputations indigentes… Pas grand-chose à faire pour le sauver et le tirer de ce mauvais pas ! Il s’enfonce.

Ajoutez à cela la pression économique (pour lui, cette affaire est une aubaine !) que maintient sur lui sa femme ( qui va finir par s’agacer de devoir attendre son retour) et vous obtenez un roman plaisant à lire et pour lequel l’enquête ne sera, in fine, qu’un prétexte à évoluer dans une société de personnages saugrenus.

Découvrez ici l’univers de Joël Egloff pour ce nouveau roman

Extraits

Pages 84-85 :[…] « Et puis j’ai repensé à mon indice. Je me suis tourné sur le côté, j’ai ouvert le tiroir de la table de chevet et y ai plongé la main pour ressortir, avec précaution, le petit papier dans lequel je l’avais placé. Je l’ai déplié et m’en suis saisi entre le pouce et l’index. J’ai allongé le bras en direction de la lumière et j’ai fermé un oeil pour mieux l’observer.

De deux choses l’une, me suis-je dit, cette bouloche provient soit du vêtement du coupable, soit du vêtement de l’un de ceux qui ont installé la crèche, ce qui serait nettement moins profitable à l’enquête.

Troisième hypothèse, plus décevante encore, c’est le vent qui l’a apportée là par hasard, et elle ne concerne en rien notre affaire. « 

 Page 110 : « Comment ça va ? J’ai demandé. Elle m’a dit que le petit toussait un peu moins. Tant mieux, j’ai fait. Mais le grand a vomi, a-t-elle ajouté. Nom de Dieu, j’ai dit, quand c’est pas l’un, c’est autre. On dirait parfois qu’ils le font exprès. J’ai dû appeler le type du chauffage, aussi, a-t-elle enchainé, qui ne pourra venir que demain. J’ai dit qu’elle lui demande bien, surtout, de n’encaisser le chèque qu’à la fin du mois. On est à la fin du mois, m’a-t-elle rappelé. J’ai dit que c’était pas grave, que ça irait bien, de toute façon, vu que j’allais toucher mon avance demain matin. Et à part ça ? m’a-t-elle demandé. Ça avance plutôt bien, j’ai fait. Je commence à y voir beaucoup plus clair. Elle s’en est réjouie, et puis m’a tout de même avoué qu’elle s’inquiétait pour moi, que c’était pour ça, aussi, qu’elle avait mal dormi. Elle a ajouté que c’était tout de même moins dangereux quand j’étais gardien de square et que, tout compte fait, ça gagnait mieux. Je n’ai pas relevé. Je lui ai dit de ne pas s’en faire, lui ai promis d’être bien prudent et de lui téléphoner demain. »

Page 210 : « Cependant, je ne m’inquiétais pas outre mesure. Il y a toujours, quelle que soit l’affaire, un moment où l’enquête piétine. Le tout c’est d’en être conscient et de ne pas s’en faire. C’est un passage obligé. Un temps qui permet de réfléchir et de prendre son élan. Il faut, en quelque sorte, savoir piétiner pour mieux sauter. »

« J’enquête », Joël Egloff, Buchet-Chastel, 16€.

Laisser un commentaire

*