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la-femme-au-colt-45Il faut toujours faire confiance à son libraire ! La preuve avec ce roman qu’une amoureuse des livres m’a mis entre les mains, à Tours, il y a quelques semaines. Une idée de lecture pour vos vacances ? Allez savoir…

Bonne pioche !  J’ai dévoré « La femme au colt 45″, écrit par Marie Redonnet, et publié aux éditions Le Tripode.

Avec ce court roman, Marie Redonnet, qui avait signé son premier roman en 1986, revient après des années de silence ( son dernier roman date de 2005). Et offre le portrait, au scalpel, d’une femme libre.

L’histoire ? Celle de Lora Sander. Une comédienne qui doit quitter son pays et se réfugier dans un autre, compte tenu du contexte politique. Une femme qui doit vivre séparée un moment de Zuka, l’homme qu’elle aime, metteur en scène ( il a été arrêté), une femme qui a laissé partir son fils Giorgio de son côté. Pour se défendre, un colt 45, hérité de son père et sa soif de liberté chevillée au corps. L’arme la protégera-t-elle vraiment ? Pas si sûr.

 

Un roman, court, écrit tantôt à la première personne, tantôt par une voix narratrice, dès que le décor et les personnages changent. Lora Sander en rencontre beaucoup. Bons ou mauvais. Qui l’aident ou veulent lui nuire.

Mais tout est écrit autour des péripéties qui lui font traverser l’Azirie, tombée sous le joug d’une dictature pour arriver en Santarie, à la frontière, de l’autre côté du fleuve. Au fil des péripéties, l’urgence.

Une écriture sèche, précise. Et qui donne son rythme au roman. On veut aller au bout. Savoir si, comme elle le désire, Lora Sander va réussir, seule, à être celle qui lui ressemble.

La métamorphose d’une femme… et une très chouette découverte.

Extraits

 Page 26 : « Je croyais ne jamais quitter le Magic Théâtre. Le ministre de la Culture a brusquement décidé de le fermer sous prétexte qu’il était vétuste et que les règles de sécurité n’y étaient pas respectées. En fait il juge que les pièces de Zuka sont trop critiques et qu’elles encouragent la sédition. C’est pour cette raison que Zuka a été arrêté. Moi aussi qui jouais dans ses pièces je suis subversive. Giorgio était contre le principe de non-violence que lui a enseigné Zuka. Il pense que ce n’est pas seulement en faisant du théâtre qu’on peut renverser la dictature du général Rafi […] »

Page 53 : « Elle est nue. Elle prend son colt et vise. Elle éclate de rire.

– Les chauffeurs des camions frigorifiques du camping, ils sont tous là dans le noir à me mater. Ils restent à distance et ne font pas un geste car ils savent que mon colt est chargé et que s’il y en avait un qui s’avançait je n’hésiterais pas à tirer. Pour eux je suis la femme au colt 45. J’ai réussi à gagner leur respect. Quand je vais aux toilettes et à la douche, ils ne cherchent pas à me toucher. S’il y en avait un qui s’y risquait, ils le massacraient. Au camping, j’ai réussi à m’imposer. Grâce à moi Manou peut dormir tranquille.

Elle enfile un survêtement et des tennis. Elle sort du camion pizza, traverse le camping et va s’asseoir au bord du fleuve. »

Page 77 : « Elle se tait un instant, perdue dans ses pensées.

– “Je ressens un vide depuis que j’ai vendu mon colt. Rien ne peut le remplacer. C’est comme si j’avais perdu mon père une deuxième fois. J’avais beau le haïr, je ne pouvais pas m’empêcher de l’aimer. C’était plus fort que moi même si ça me faisait du mal. Mon colt, c’est le seul cadeau qu’il m’ait fait ! Juste avant sa mort comme s’il avait voulu s’en débarrasser. Ce n’était pas son genre de faire un cadeau à sa fille. A quoi pensait-il en me le donnant ? Il m’a appris à tirer quand j’étais petite. C’était comme un jeu qu’il partageait avec moi, le seul qu’il m’autorisait. Il ne ratait jamais sa cible. »

« La femme au colt 45″, Marie Redonnet, Le Tripode, 15€.

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