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Sélection prix Roblès 2015

PROUST TERLe prix Emmanuel-Roblès est un prix littéraire décerné chaque année à l’auteur d’un premier roman francophone qui est récompensé par une bourse. Depuis 1990, il est remis chaque mois de juin, à Blois, dans le Loir-et-Cher. Six premiers romans constituent la sélection 2015, dont quatre ont déjà été présentés sur ce blog.

Poursuivons avec le cinquième, « Les enquêtes de Monsieur Proust », écrit par Pierre-Yves Leprince. L »auteur, peintre et scénographe, a découvert Marcel Proust en 1960. Il n’aura eu de cesse, dès lors, de vouloir faire partager sa passion des mots de ce dernier. Il produira ainsi plusieurs émissions de radio consacrées à l’auteur, pour le centenaire de sa naissance, en 1971.

Avec « Les enquêtes de Monsieur Proust », son premier roman, paru en 2014, il signe un roman policier, mais aussi un essai sur la création littéraire. Un véritable roman d’admiration, en tout cas.

Pierre-Yves Leprince a reçu le prix Jacques de Fouchier de L’Académie française pour ce livre.

 L »histoire ? C’est donc celle d’une rencontre. Nous sommes en 1986, Noël le narrateur presque centenaire, écrit un livre de souvenirs sur sa rencontre avec Marcel Proust, en 1906. L’écrivain de La Recherche du temps perdu, encore en gestation, se console de la mort de sa mère dans un hôtel à Versailles.  Il a trente-cinq ans.

Noël, lui, a dix-sept ans. Issu d’un milieu plus que modeste, il est coursier et travaille aussi pour une agence de détectives. L’écrivain ayant perdu son précieux carnet de notes, le jeune homme va le retrouver. S’ensuit une relation de sincère amitié entre les deux hommes, malgré leurs différences.

Par la suite, les deux hommes vont être confrontés, ensemble, à deux autres affaires, dont un crime. Au sein de l’hôtel des Réservoirs, les rumeurs vont bon train…

Extraits

Page 43 :« Tandis que j’observe mon professeur de maintien prendre une tranche de boeuf, apparue, cloche enlevée, dans le plat que lui tend le premier garçon, je me dis que, finalement, il est plus généreux que je ne pensais, m’invitant publiquement à sa table en m’enseignant les choses mine de rien avec bonté. J’entendrai, plus tard, dire beaucoup de mal de lui, du fameux snobisme qui aurait obsédé sa vie, de son égoïsme, de sa méchanceté. Je sais bien qu’une légende a toujours plus de force que la vérité mais, si la scène que je suis en train de décrire et d’autres que je vais raconter pouvaient contribuer à contredire cette légende, j’aurai eu raison de rédiger ces souvenirs. »

Page 83 : « Ces doutes inimaginables, une minute plus tôt, envers un homme que j’admirais, que j’aimais déjà comme un père spirituel (expression que je ne connaissais pas encore mais qui exprime exactement le sentiment que je ressentais), me firent mal. Il m’était insupportable de le comparer aux messieurs dont il m’avait conseillé de me méfier, ces messieurs que le Signor Minimo avait traités, la nuit dernière, tandis que je me réveillais dans le petit salon, de travestiti, voulant dire, sans doute, “invertis” plus que “travestis”. Devais-je soupçonner de ce vice, hautement reprouvé en public dnas son monde, d’autant mieux pratiqué en secret, je le savais, celui dont j’aurais tant voulu devenir l’ami ? Devais-je me soupçonner moi-même d’éprouver une affection suspecte ? Monsieur Proust me paraissait au-dessus des petitesses de la vie, je n’avais pas l’habitude de m’interroger sur moi, j’étais jeune, j’avais faim, mes pensées changèrent de direction. »

Page 197 : «  “Vérités illuminantes” était une expression trop au-dessus de mon âge et de mon niveau pour que je pusse la comprendre, elle me frappa pourtant, je la retins, déjà retenu moi-même à cet homme par des liens que je ne pouvais ni définir, ni rompre. Je n’étais pas son domestique, je ne serais sans doute jamais son ami tout à fait, je sentais que je lui serais fidèle quand même à jamais, quoi qu’il fît. En cet après-midi de 1906, si mon Monsieur Proust est bien Marcel Proust, je suis devenu, comme tant d’autres personne avant moi et après moi, esclave de sa parole illiminante, de ses yeux tristes et lumineux, de son sourire, de son esprit, de sa personne tout entière (je le suis toujours à la fin des années 80!). » 

Mon avis

 Une rencontre improbable entre un auteur précieux et colérique et un jeune homme qui a tout à découvrir, des enquêtes curieuses… Tous les élements d’un bon roman, me direz-vous. En ce qui me concerne, ce n’est pas le cas. Je n’ai pas aimé ce livre que j’ai trouvé bavard, redondant… et trop long. Peut-être que je n’ai pas l’heur d’apprécier à sa juste valeur la magie proustienne des mots. Tant pis pour moi ! L’auteur, c’est sûr, lui livre là un fabuleux hommage. Trop ?

« Les enquêtes de Monsieur Proust », Pierre-Yves Leprince, Gallimard.

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