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Sélection prix Roblès 2014

On touche au but ! D’ici quelques jours, nous connaîtrons le lauréat 2014 du prix Emmanuel-Roblès. Les six premiers romans avalés, il nous reste à voter. Sans rien dévoiler de mon choix ( réponse le 13 juin ! ) voilà le dernier roman lu. Il s’agit de « Là où ma terre est rouge », de Thomas Dietrich.

Etudiant à Sciences Po, ce jeune homme de 23 ans a passé toute son enfance au Togo ( un pays que j’affectionne particulièrement pour y avoir séjourné à deux reprises il y a quelques années. Chouette, ça commence bien on dirait ! ).

Après avoir passé son bac à Mulhouse, Thomas Dietrich est reparti vers l’Afrique ( il a ainsi vécu au Tchad, en Centrafrique et au Soudan ) dont il parle langues et dialectes et où il a travaillé.

ROBLES

 

Son roman de 269 pages nous emmène loin, dans un pays imaginaire, le Tshipopo. Une république visiblement instable.

Icare (il s’agit du prénom de notre héros sans morale ni grandes valeurs) l’a découvert par le truchement des actualités sans savoir qu’un jour, par le plus grand des hasards, il deviendrait conseiller d’un des ministres, Anténor, au service du président, le maréchal Hélios.

L’histoire de ce roman, constitué en trois parties (« Envol », « Elevation », « Chute »), c’est donc celle d’un jeune homme falot qui connait une ascension assez épatante avant une descente aux enfers des plus spectaculaires dans Pendéré, capitale d’un pays au fonctionnement exotique.

Le tout sur fond d’amours contrariés ( avec Alceste, fille d’un diplomate), de petits arrangements avec la morale, de coup d’Etat, d’élections truquées. Le rythme est soutenu. Reste à ce que le roman, construit comme un journal de bord, suive la dynamique imposée. Il peine à le faire. Et finit en farce. Dommage.

 

La première partie se déroule à Paris, dans une Afrique reconstituée, fantasmée bien qu’installée dans un triangle constitué entre Château-Rouge, Clignancourt et Château-d’eau. Là, Icare découvre un monde interlope, celui de la débrouille, des Sapeurs et les beautés africaines venues chercher un quotidien serein. De mensonge en non-dit, il s’invente une vie d’étudiant à l’avenir prometteur. Sa rencontre avec Anténor bouleverse son existence. Celle avec Circé, femme aux courbes sensuelles, tout autant.

Un nouveau président s’installe à la tête du  Tshipopo et l’aventure s’emballe. Icare devient conseiller du général Anténor, devenu ministre. Homme de réseaux et de promesses, il propulse ce « Teint-Clair » dans une autre vie, loin de chez lui. Et devinez ce qui arriva, Icare s’est brûlé les ailes au contact de cette terre rouge, à cause de la latérite mais également du sang.

Extraits

 Page 40 : « Et puis, vers seize ou dix-sept heures, réglé comme une horloge, il se rendait chez Bijou. Il était souvent le premier client. Que le général Anténor soit là ou non, cela n’avait plus beaucoup d’importance, il connaissait à présent à peu près tous les habitués et s’attablait volontiers avec eux. Pour tous, il était devenu “le teint-clair du maquis”. Une sorte de mascotte un peu ridicule que l’on exhibait à l’occasion pour piquer une conversation d’insolite. Quant à la gérante, elle se montrait toujours plus désirable… « 

Page 111 : « Ce ne fut qu’après deux minutes de balbutiements qu’il se lança, se souvenant des instructions d’Anténor : il devait juste apprendre aux engagés à orthographier correctement les éléments qu’il leur dirait d’inscrire sur les listes électorales truquées ou sur les cartes électorales falsifiées. Il demande donc à chacun de ses élèves d’écrire sur leur cahier leurs nom, prénom et ville de naissance. »

Pages 139-140 : « En somme, la mission d’Icare n’avait été qu’un fiasco. Et la tournure qu’avaient prise les événements aurait pu gravement le compromettre auprès du maréchal Hélios, s’il n’avait eu plus d’un tour dans son sac. Car, dans les rapports intermédiaires qu’il expédiait par courrier diplomatique cacheté à Pendéré, Icare avait fait preuve d’une imagination sans bornes. Puisqu’il n’avait eu accès à aucune donnée sensible, il lui avait fallu en inventer de toutes pièces. Sur la base de simples rumeurs et de suppositions logiques, il s’était mis à produire une littérature délirante, qui exagérait le danger que pouvait représenter tel ou tel opposant au régime exilé en France. »

 Mon avis

J’aime beaucoup l’Afrique et ses pays pour en avoir parcouru plusieurs avec mon sac sur le dos. Trop sûrement pour apprécier complètement ce premier roman, assez inégal entre ses trois parties et qui, à force de poncifs sur une Afrique corrompue, sans foi ni loi, et aux moeurs légères, finit par lasser. Dommage. J’étais partie en voyage… et je suis finalement restée en rade.

« Là où la terre est rouge », de Thomas Dietrich, Albin Michel, 19€.

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