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Il vient de remporter le prix Fémina étranger 2013. Lauréat de plusieurs prix littéraires prestigieux, Richard Ford était l’un des romanciers attendus de la rentrée littéraire. Avec « Canada », il signe un (long) roman entre Etats-Unis et Canada.

 

CANADA

 

Déjà couvert de lauriers littéraires, Richard Ford est né à Jackson (Mississippi) en 1944. Il est l’auteur de « Une saison ardente » (1991), « Un week-end dans le Michigan » (1999) et de « L’Etat des lieux » (2008). En 1996, il a reçu le PEN/Faulkner Award et le prix Pulitzer en 1996 pour « Indépendance ». Autant de livres que je n’ai pas lus…

Avec « Canada », Richard Ford signe un roman que le narrateur, alors pagée de 63 ans nous raconte. Lui, c’est Dell Parsons. Quand l’histoire commence, il a quinze ans et une soeur jumelle, Berner. Avec ses parents, Bev et Neeva Parsons, il vit dans le Montana à Great Falls. Nous sommes dans les années 60.

 

 

 

Son père, Bev, est un ancien d’Air Force qui essaye de trouver sa voie et de quoi faire vivre sa famille. Sans grand succès. Sa femme, Neeva, minuscule femme myope enseigne.

Un couple assez improbable qui va se lancer dans une histoire stupide et dérisoire : un braquage minable dans l’Etat voisin du Dakota du nord. Rapidement, le couple est démasqué, écroué. Leurs jumeaux sont alors livrés à eux-mêmes, abandonnés.

Si Berner s’en va de son côté, Dell, passionné d’apiculture et qui veut retourner au lycée, rejoint le Canada selon le plan échafaudé par sa mère ( qui finira par se suicider), condamné à l’exil par la faute de ses parents. Dans le Saskatchewan, au Canada, Dell va travailler pour le mystérieux Arthur Remlinger dans des conditions assez misérables. Et, à nouveau, sa vie va être bouleversée. A cause de meurtres et du passé de son hôte.

« Canada » nous parle de l’enchaînement des destinées, de la fin de l’innocence et de la jeunesse perdue, bien trop tôt. Et à jamais.  Le roman pose aussi la question de savoir ce qu’est une vie normale. Et une vie heureuse.

Extraits

Page 17 :« Malgré tout, leur bizarre disparité m’apparait encore aujourd’hui comme l’une des raisons pour lesquelles ils ont mal fini : ils n’allaient pas ensemble, c’était un fait, ils n’auraient jamais dû se marier ni rien, leurs chemins, auraient dû se séparer après leur première rencontre enflammée, au mépris des conséquences. Plus ils restaient ensemble, mieux ils se connaissaient, et mieux elle – en tout cas, réalisait leur erreur, alors avec le temps temps leur vie déviait de sa trajectoire, telle la démonstration laborieuse d’un problème de mathématiques qui, entachée d’une erreur de calcul au départ, vous éloigne ensuite inexorablement des données initiales cohérentes. »

Page 234 : « Personne n’est venu voir ce qui nous devenions ni nous chercher pour nous mettre en lieu sûr : voilà bien la mesure de notre insignifiance, et de la ville qu’était Great Falls. Pas de Protection des mineurs, pas de police, pas de tuteurs pour nous prendre en charge. Personne n’est venu fouiller la maison pendant que je m’y trouvais. Et quand ça se passe de cette façon, que personne ne vous remarque, les gens et les choses s’oublient vite, on se détache. Et c’est ce qui est arrivé. Mon père se trompait souvent, mais pas sur Great Falls. Les gens ne voulaient rien savoir de nous. Ils étaient tout disposés à nous laisser disparaître si on en avait envie. »

Page 451 :« Je leur dis que je suis un “conscrit canadien” et que le Canada m’a sauvé d’un sort pire que la mort – ils croient que je parle de l’Amérique. Parfois ils me demandent par boutade si j’ai changé de nom. Je leur assure qu’il n’en est rien. L’usurpation d’identité et les masques sont de grands thèmes de la littérature américaine. C’est beaucoup moins vrai au Canada.

Au bout d’un moment, je cesse d’aller dans leur sens. Le Canada ne m’a pas sauvé ; je le leur dis seulement parce qu’ils ont envie de le croire. Si mes parents n’avaient pas fait ce qu’ils ont fait, s’ils n’étaient pas morts en tant que parents, ma soeur et moi aurions mené des vies américaines sans déviance et nous nous en serions très bien portés. Mais de leur écart est survenu le nôtre ».

Mon avis

475 pages ! Dont 200 consacrées à l’histoire de Bev et de Neeva, deux personnages dont rien ne laissait présager qu’ils deviendraient des braqueurs du dimanche ! Si long avant d’entrer dans la vie de Dell, bouleversée, anéantie. Lui et sa soeur sont les héros d’une histoire singulière, stupide. Des adolescents livrés à eux-mêmes. Confrontés à une vie qu’ils n’ont pas choisie. Bien écrit… mais si long ! Peut-être à cause des répétitions ?

« Canada », de Richard Ford, Editions de l’Olivier, 22,50€.

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