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Les vacances s’annoncent. Impossible de fermer sa valise sans y glisser une sélection de livres à lire. Pour vous accompagner dans la maison de famille en Bretagne, au fond d’un camping naturel en Ardèche, sur la route de la Soie ou plus sagement dans votre appartement, voici un livre qui pourrait vous plaire. Il s’agit de « Bétibou », de Claudia Piñeiro, paru au début de l’année chez Actes Sud.

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L’histoire ? Une ex-écrivain devenue nègre, un journaliste novice bombardé fait-diversier et un chroniqueur policier de la vieille école s’allient pour mener une enquête criminelle pas banale après la découverte d’un homme, la gorge tranchée, dans son appartement d’une résidence huppée et hautement sécurisée de la banlieue de Buenos Aires. Mais qui a pu tuer Pedro Chazarreta ? Accusé d’avoir tué sa femme peu de temps auparavant, certains se disent qu’il n’a eu que ce qu’il méritait…

Jaime Brena, vieux routier du journalisme et chroniqueur judiciaire aguerri ayant été écarté du service des faits divers du journal El Tribuno pour le service Société va mener une enquête avec celui qui l’a remplacé, trop novice pour bien voir (mais féru de nouvelles technologies !) mais aussi avec Nurit Iscar, écrivaine devenue nègre après avoir été éreintée par le journal de El Tribuno notamment, dirigé par son ancien amant qui, à l’époque, l’appelait Bétibou, d’où le titre. Un surnom que lui avait trouvé Jaime Brena, sans la connaître. Et pour cause… 

Ensemble, ils vont découvrir des éléments au fur et à mesure de leurs investigations. Nurit Iscar s’est installée au coeur même du country-club ultra-protégé, La Maravillosa, pour poser son regard d’auteure que les événements tandis que les deux journalistes travaillent sur l’enquête. Et si ces morts récentes et brutales avaient toutes un lien ?

Le trio va découvrir une vérité qui le dépasse. Faut-il quand même la dévoiler ?

Relations politiques/média, corruption, puissance de l’argent sont quelques-unes des thématiques abordées dans ce roman rondement mené.

L’auteure, Claudia Piñeiro, est née en 1960 à Burzaco, dans la province de Buenos Aires. Elle est romancière, dramaturge et auteur de scénarios pour la télévision. « Les Veuves du jeudi » (Actes Sud 2009) a été récompensé par le prix Clarin. « Elena et le roi détrôné » est paru en 2011. Son oeuvre est traduite dans de nombreux pays.

Extraits

Page 57 : « […] Car, bien que la justice au sens propre, celle des juges et des tribunaux, ait laissé Chazarreta en liberté par manque de preuves, la grande majorité des habitants du pays, à tort ou à raison, croient encore aujourd’hui que c’est Chazarreta qui a égorgé sa femme. Ou qu’il l’a fait égorger. Ce qui n’empêche pas que Nurit Iscar se permette d’avoir des doutes, pour la bonne et simple raison que les preuves manquent. »

Page 198 : « Sur le chemin du retour vers la maison où loge Nurit Iscar, Jaime Brena fait part au commissaire Venturini des interrogations que lui inspire le cadre vide. Mais le commissaire est catégorique : Ecoute, mon vieux, c’est sans intérêt ; tu n’en as pas, toi, de cadre vide chez toi ? Aucun, que ce soit avec ou sans photo, d’ailleurs, car il n’y a pas de cadres chez moi, répond Brena. Eh bien, moi, oui, j’en ai sur ma table de chevet depuis trois mois, mais je ne sais pas quelle photo y mettre. Tu ne crois pas que cela signifie qu’on est sur le point de m’assassiner ? Nurit Iscar pense elle aussi qu’il faudrait creuser un peu dans cette direction. Oh la la, vous autres, les écrivains, avec tous vos fantasmes ! Je ne suis pas écrivain, je suis journaliste. C’est pareil, Brena. »

Page 237 : « Peu de temps avant que Lorenzo Rinaldi ne passe chercher Nurit Iscar à La Maravillosa pour l’emmener déjeuner, Jaime Brena se prépare son premier café de la journée, et le gamin des faits divers, qui ne s’est pas réveillé de toute la nuit ni depuis le début de la matinée, urine frénétiquement pour se ruer au plus vite sur son ordinateur afin de voir si une réponse de Gonzalo Gandolfini est arrivée. Et la réponse est arrivée.“ Salut, oui, je suis son neveu. Hélas, mon oncle est décédé il y a quelque temps dans un accident de voiture. Je suppose que tu le connais depuis l’époque de la Chacrita, j’espère que tu en as gardé d’agréables souvenirs ! ( ah, ah, ah). D’après mon pater, tout le monde n’a pas gardé d’agréables souvenirs de cette époque. Salut”. Le gamin lit le message plusieurs fois. Il se demande quelle suite lui donner. Il appelle Jaime Brena qui, à cette heure, en est à son deuxième café. »

Mon avis

Voilà un long roman ( 396 pages) qui, une fois ouvert, oblige le lecteur à aller jusqu’au bout. Pour découvrir la vérité, pour comprendre aussi comment cette association improbable va pouvoir fonctionner jusqu’au bout. Une façon aussi de découvrir le métier de journaliste en Argentine, les jeux de pouvoirs… et la perversité.

Un bon moment en perspective malgré le style, peu travaillé. A lire sur la plage ou ailleurs.

« Bétibou », de Claudia Piñeiro, Actes sud, 23,50€. Traduit par Romain Magras.

 

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