Pierres chinoises vs pierres portugaises : match nul pour le bilan carbone ?

Christophe Fliegans nous a contactés pendant le conseil municipal.

Le 21 novembre, dans l’enceinte du conseil municipal de Tours, la conseillère d’opposition Françoise Amiot  s’est inquiétée du « bilan carbone » des pierres chinoises importées par un négociant orléanais pour réaliser les aménagements urbains de la première ligne de tramway de l’agglomération de Tours.

Un débat que nous avons relayé sur Twitter… et qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Christophe Fliegans, un consultant strasbourgeois spécialisé dans l’impact environnemental et le bilan carbone, a saisi l’info au vol et nous a glissé (dans un tweet) que les pierres « made in China  » ne s’en sortaient pas si mal face à celles venant du Portugal.

« J’ai en effet réalisé une étude comparative pour le compte d’un client qui a postulé pour la fourniture de 6.000 tonnes de pierres de granit, dans le cadre du marché de réfection d’une place d’une ville de l’est de la France, explique-t-il. Il pensait qu’en choisissant des pierres du Portugal, l’impact était moins important qu’en optant pour la Chine. Mais, finalement, entre un transport par camions depuis le Portugal et un transport maritime au départ de la Chine (avec des camions prenant le relais à partir du port d’Anvers), le bilan carbone est équivalent (*) ».

Match nul donc. Mais, comme le précise Christophe Fliegans, son analyse ne porte que sur le volet transport.  Elle ne s’intéresse pas aux conditions sociales et environnementales d’extraction des pierres en Chine…

(*) Le fameux client, qui a décroché le marché public,  a finalement privilégié une troisième solution, a priori la plus judicieuse sur le plan écologique : acheminer le granit portugais par bateau jusqu’au port du Havre et réaliser le reste du trajet par la route.



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2 comments


  1. J’ai interrogé certains professionnels. Les granitiers bretons, qui sont les plus proches, physiquement, de mon cœur et de premier abord pour ce qui concerne la gestion de mon portefeuille de contribuable. Ces derniers m’ont suggéré de visiter le site du Centre Technique de Matériaux Naturels de Construction (http://www.ctmnc.fr/), ce que j’ai fait, et vous invite à faire également.

    Sur le site de cet organisme, indépendant, nous trouvons, en page d’accueil un outil de calcul de l’impact environnemental du transport. C’est un document Excel téléchargeable qui permet de comparer cet impact sur plusieurs types de trajet.

    On peut donc s’amuser à calculer l’impact environnemental comparé entre une provenance d’Asie et une de Bretagne (Rennes par exemple).

    Pour le tableau à renseigner, on considère que le trajet 1 prends en compte la distance Rennes – Tours.
    Le trajet 2 prend en compte le trajet Xiamen – Le Havre en maritime auquel on ajoute Le Havre – Tours en camion
    La distance Xiamen – Le Havre est évaluée à 9 946 Milles nautiques soit 18 031 Km, auxquels s’ajoutent la distance en camion du Havre à Tours
    Le tableau nous donne immédiatement le comparatif, pour une tonne de matière transportée, en énergie consommée par ce transport et le niveau de gaz à effet de serre (GES) correspondant.

    L’énergie consommée pour le premier trajet est de 185 M Joule et de 2 147 pour la Chine !!!
    Quand au GES (en kg équivalant CO²) nous arrivons à 14 kg pour le premier trajet et 161 pour le deuxième !

    Et encore, dans ce calcul, il est fait grâce de la distance terrestre entre les carrières et le port chinois ainsi que l’état du parc de véhicules terrestres chinois.

    Même pour un béotien comme moi la différence est flagrante. Certes il est vrai que le transport maritime apporte un impact environnemental inférieur à la route (si on compare 1 km mer pour 1 km terre). Mais Tours, Reims ou autre ville ayant fait ce choix ne sont pas, jusqu’à plus ample informé, des ports maritimes ????? Ou alors j’aurais raté ce détail ? Le trajet routier entre le port d’arrivée et le lieu de destination finale et le trajet entre les carrières françaises ou européenne est presque le même.

    Quant au coût, en admettant que le trajet terrestre, en France, soit identique (à 100 km près), donc un coût également plus ou moins identique, on ne va pas me faire croire que le transport maritime est gratuit ?????

  2. MP

    Le bilan carbone n’est qu’un des aspects de ce problème (et là il est faussé avec le moyen de transport), Françoise Amiot en a évoqué quelques autres, mais peu importe, ce qui est formidable, c’est qu’il y ait des personnes pour défendre une telle absurdité d’aller chercher des pierres en Chine, jusqu’à prétendre que c’est « incontournable » !! C’est comme si on y allait pour chercher du sable ou des ardoises. Ou du raisin ou des pommes de terre… Nous sommes tombés bien bas… Ils sont fous ces Gaulois, comme dirait l’autre…