20 août 2013
christophegervais

Stephan Eicher : “J’aime les choses intimistes ”



Le Suisse aux douze albums studio chante ce mardi soir au festival Darc. Stephan Eicher nous a répondu dimanche soir, avant l’un de ses rendez-vous de travail avec l’écrivain Philippe Djian. Rencontre avec un homme curieux et libre, qui nous livre une longue et généreuse interview.

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Trente ans plus tard, comment avez-vous évolué depuis les Transmusicales de Rennes en 1984 ?

« Je me suis toujours laissé guider par une curiosité, que j’ai eu la chance de garder, et par mes envies. C’est peut-être dû aussi à ma naïveté. Je suis un peu comme un enfant dans une boulangerie. Je veux manger autant de bonbons que je peux, mais avec des choix et des goûts qui ont évolués. Musicalement, j’ai commencé tout seul, avec des boîtes à rythmes, des synthés. J’ai ensuite travaillé avec des quatuors à corde, associés à un vrai groupe de rock, ce qui donne ce son Stephan Eicher. Aujourd’hui, j’aime bien les choses un peu plus intimistes, qui font moins de bruit. C’est peut-être lié à l’âge, je ne sais pas.  »

C’est l’évolution principale que vous pensez avoir eu ?

« Aujourd’hui c’est ce que je cherche. Dans Engelberg, Carcassonne, ces grands disques avec des publics assez larges, j’ai eu envie de faire du bruit et parler à beaucoup de gens. Aujourd’hui, j’ai envie de parler à une personne. Mais cela peut quand même faire de jolis concerts, parce que sur scène il y a une communication large. Tout cet été, on joue devant des grands publics, et ça marche aussi. Cela vient peut-être aussi du répertoire : je mélange les anciennes chansons avec les nouvelles,  et je crois que les gens viennent aussi pour les anciennes. Je pense même qu’ils viennent plutôt pour les anciennes que pour les nouvelles. »

Pour les nouvelles, vous voulez vraiment développer quelque chose d’assez intimiste, à écouter sur CD…

« Je trouve qu’aujourd’hui tout le monde crie. Si vous allumez la radio, la télévision, les journaux, tout le monde se crie dessus. Et je suis dis que c’est plus humain de parler un peu plus bas. Si on crie, on s’éloigne. Si on murmure, on s’approche. Et je préfère que les gens se rapprochent. »

Vous aimez mélanger les genres, faire se rencontrer différentes origines…

« Oui, nous sommes en 2013 quand même. C’est assez simple maintenant d’entendre ce qu’il se passe au Japon, comme c’est assez simple de voir des oeuvres d’art des Inuits. On allume l’ordinateur et on y est. Je le fais avec toujours cette curiosité dont on parlait tout à l’heure. Si une pièce est sombre, j’ai envie d’allumer un briquet et regarder ce qu’il y a à l’intérieur. »

Vous aimez partager vos découvertes…

« J’essaie, oui. Vous cuisinez un peu chez vous ? Dans votre frigidaire, vous trouvez deux trois trucs qui ne vont a priori pas ensemble. Mais vous tentez. Parfois ce n’est pas mangeable, et parfois ça fonctionne, vous inventez quelque chose. C’est un peu ça ma vie musicale : ouvrir le frigo et regarder ce qu’il reste. Je regarde si ça explose, ou si ça fait une jolie mélodie. »

Est ce que vous pensez toujours à la prochaine chanson ?

« Pas trop. Quand je suis en tournée, j’évite d’y penser. Mais là, ce soir, Philippe Djian vient me chercher à l’hôtel pour aller travailler. Il écrit toutes mes chansons en français. On va passer la soirée à deux, et je sais déjà qu’on va discuter des prochaines chansons. Ca m’excite aussi. C’est un peu comme un rendez-vous amoureux. Je vais amener des fleurs et une bouteille de champagne.


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Vous vous rencontrez souvent avec Philippe Djian ?

« Pas assez. »

Comment travaillez vous ensemble ?

« Ca a évolué. Au début, c’est vraiment lui qui a eu des envies de textes, et j’ai eu le droit de faire un choix. Pour le dernier disque, on a beaucoup discuté, beaucoup écouté , beaucoup réfléchi. On parle des actualités, des petites histoires dans nos familles. On parle de nos sentiments, du temps qui passe. De l’évolution. On s’interroge : est-ce qu’on s’abime, est-ce qu’on s’améliore, est-ce qu’on connait de mieux en mieux le métier ? C’est sur toutes ces choses que l’on va, j’espère, échanger ce soir, autour d’une table, pour que cela nous inspire pour les prochaines chansons. »

Tout part donc d’un échange, et l’inspiration vient ensuite ?

« Oui, ça repose sur l’amitié. On se raconte ce qu’on a vu, ce qu’on ressent, et après on fait une chanson. »

Il y a donc un point de départ assez philosophique…

« A notre âge, il faut être philosophe, sinon c’est déprimant. Philippe Djian, c’est un cerveau incroyable. Avec moi et mon cerveau programmé bizarrement, c’est assez intéressant.

Pour vos autres chansons, écrivez-vous beaucoup la nuit ?

« J’aime toujours écrire la nuit. Pas parce que c’est romantique, mais parce qu’il n’y a pas de bruit, personne ne vous appelle, personne ne vous envoie un email. Vers 23 h ou minuit, autour de la maison, le calme s’installe. Alors que pendant une journée très agitée, je n’arrive pas à créer. Même si je n’aime pas vraiment travailler la nuit dans le fond : c’est crevant, on se couche à 5 h, et après il faut amener les enfants à l’école. Ca ne fait pas beaucoup de sommeil. »

Quelle relation avez-vous avec la chanson française ?

« J’ai grandi en Suisse alémanique, je n’écoutais donc pas trop ce style de chansons, en dehors de Brassens, Brel, Piaf. Aujourd’hui, j’ai vraiment de la tendresse pour Dominique A, et je trouve que Camille est un pur génie. Mais la chanson française n’est pas une musique que je vais mettre pour m’évader. Je mettrais plus du Ravel que du Bruel. Mais seulement pour la rime !  »

 

 

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