Qu’est ce que la e-santé ?

J’ai été confronté cette semaine au devoir de répondre à la difficile question « mais au fait qu’est ce que la esanté ? ».

C’est vrai ça finalement, toi pour qui c’est une évidence, toi qui baigne dedans depuis plus d’un an si tu devais expliqué à un néophyte ce qu’est la esanté que lui répondrais tu ?

Je vous propose une définition qui n’engage que moi, libre à vous de la challenger, de la compléter. La esanté est un domaine qui évolue chaque jour, pas une heure sans un nouvel article paru sur le sujet qu’il vienne d’Asie, d’Amérique, d’Afrique ou d’Europe.

Pour moi la esanté se définit en 4 axes :

  1. La médecine digitalisée
    La santé comme de nombreux secteurs se voit transformée par la donnée, ses nouveaux modes de gouvernance et ses traitements de plus en plus intelligents.
    La captation de la donnée est le premier niveau de cette nouvelle médecine, que ce soit les objets connectés, les environnements connectés, les implants connectés, le patient est relié en permanence à des capteurs qui enregistrent en temps réel l’évolution des mesures physiologiques, sans rupture de lieu ou de temps.
    Le stockage est le second niveau, par la numérisation du suivi des patients comme le Dossier Médical Personnalisé, cette digitalisation permet des agrégations de données issues de différents environnements/ secteurs de la médecine au fil de la vie du patient.
    Enfin, l’intelligence artificielle permet elle de produire des interprétations de plus en plus avancées des données récoltées que ce soit à des fins épistémologiques – par exemple une des causes d’une pathologie en identifiant des corrélations entre la consommation de tel produit ou tel comportement et les effets induits sur la santé – ou à des fins préventives voire prédictives – pour par exemple sensibiliser les patients au risque encouru lors de tel ou tel comportement -.
    Le meilleur exemple est en février dernier le partenariat entre le deepmind de Google, connu pour l’application AlphaGo et le National Health Service – équivalent de la sécurité sociale anglaise – pour la récolte sur trois hôpitaux des données récoltées pendant 5 ans sur 1,6 millions de patients pour faire avancer la connaissance sur les insuffisances hépatiques et rénales. Les patients bénéficieront à court terme d’une plateforme de service opérée par Google leur permettant de connaître les risques de pathologies encourues en fonction des données récoltées et les comportements à adopter pour limiter les risques.
  2. La médecine personnalisée
    c’est une médecine qui considère le patient dans ce qu’il fait qu’il est unique : son environnement, ses habitudes de vie et son génome. C’est la que « l’épigénétique » jouera sa partition, j’en parlais dans mon précédent article sur la santé connectée.
  3. La médecine régénératrice
    cette médecine est basée sur les travaux menés sur les cellules souches et la régénération cellulaire.
  4. La médecine high-tech
    ce dernier axe recouvre l’approche médicale hautement technologique comme les prothèses robotisées et les exosquelettes, les pilules connectées, l’impression 3D, la thérapie génique, la télé-médecine, etc.

L’autre question était de m’exprimer sur selon moi les principaux impacts sur le marché de laboratoires pharma ?

Je n’ai pas voulu être alarmiste en disant que d’ici 10 ans la chimie serait morte mais il est certain qu’elle sera encore bien moins rémunératrice qu’aujourd’hui car limitée à la médecine curative ou aux marchés émergents, marchés de prédilection des génériqueurs, dont le modèle est gros volume et faible marge.

La chimie restera lucrative sur les maladies chroniques ou incurables ce qui permettra de financer la recherche mais ces maladies représentent un marché bien inférieur à celui qui s’ouvre sur la prévention basé sur la data et ça pour plusieurs raisons.

La première c’est que l’économie de la santé telle qu’est s’est bâtie ces dernières décennies n’est plus viable, les mutuelles, les assureurs ne peuvent plus couvrir tout la population avec les mêmes garanties au même prix, car la population vieillit et les habitudes de vie « modernes » génèrent de nouvelles maladies couteuses comme le diabète ou la surtension. Il faut primer les comportements exemplaires et la NHS vient de franchir le pas en distribuant gratuitement aux administrés des bracelets connectés pour suivre les données de santé, ce n’est qu’un début, en France, la CNIL doit rendre des avis sur des demandes identiques d’acteurs privés de santé. Enfin, de nombreuses études démontrent que la prévention coute bien moins cher que la curation aux acteurs de la santé.

La seconde s’est que les citoyens de nombreux pays ont eu la mauvaise habitude que les traitements soient en partie ou totalement pris en charge par les services publics ou privés de santé. Ils ne comprennent ni n’entendent que cela doive changer aujourd’hui. Par contre, la prévention étant un nouveau sujet et que de nombreuses médecines préventives non remboursées aient préexisté à la esanté, le patient consommateur est prêt à payer ces nouveaux services.

Enfin le speaker m’a demandé un exemple concret alors j’ai réveillé la salle en posant quelques questions :

– qui pratique occasionnellement du sport dans la salle ? plus de la moitié de la salle a levé la main

– qui serait prêt à porter un objet connecté pour fournir des données de santé et prévenir par exemple un arrêt cardiaque ? toutes les personnes ont gardé la main levée et d’autres se sont ajoutées

– qui serait prêt à payer pour suivre quotidiennement son risque en fonction de son environnement, de ses habitudes de vie et recevoir des conseils pour limiter les risques ? toutes les mains sont restées levées.

J’ai conclu en disant que pour moi c’était cela la esanté, une médecine non pour guérir des maladies mais faite pour cultiver sa bonne santé.

 

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About Thierry Picard

Directeur Internet du groupe media La Nouvelle République du Centre Ouest. Intervenant pour le groupe Stratégies expertises ecommerce, ergonomie et emarketing
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