Officiel : la Sémivit rachète le Bateau Ivre pour en confier la gestion au collectif Ohé du Bateau

Le Bateau Ivre, rue Vaillant

Avant de pouvoir ouvrir à nouveau ses portes, le bâtiment qui accueille le Bateau Ivre va devoir être rénové.

 

 

La Sémivit va racheter le bâtiment qui abritait le Bateau Ivre au 145 rue Edouard-Vaillant,  jusqu’à sa fermeture, il y a tout juste un an, pour en confier la gestion au collectif Ohé du Bateau. L’information est officielle, confirmée par l’adjointe au maire Arlette Bosch, l’élue référente de la Société d’économie mixte immobilière de la Ville de Tours.

Le montant de la transaction, négocié avec les actuels propriétaires, Gisèle Vallée et Joël Breton, reste pour l’heure confidentiel. Il  a été validé lors d’un conseil d’administration de la Sémivit, qui s’est tenu ce mardi matin. Le prix serait toutefois en conformité avec l’estimation réalisée par les Domaines, sachant que la Sémivit va devoir investir 800.000 € pour rénover le toit de l’édifice, qui n’est plus apte en l’état à accueillir du public. Les aménagements intérieurs seront à la charge de la société coopérative d’intérêt collectif mise en place par Ohé du Bateau.

Quand le Bateau Ivre nouvelle formule ouvrira-t-il ses portes ?

La première réaction de Franck Mouget, le porte-parole du collectif, était prudente ce mardi après-midi. « Il est beaucoup trop tôt pour le dire, estime-t-il. Il va falloir maintenant bien peser les termes de notre collaboration avec la Sémivit et la Ville de Tours. Le collectif est mobilisé et vigilant depuis 16 mois – à titre complètement bénévole – et nous voulons conserver la maîtrise de ce dossier que nous avons maintenu à bout de bras, alors qu’il était enterré. Nous voulons garder le Bateau Ivre dans le patrimoine de la Ville, sans qu’il soit assujetti à des choix politiques. Notre objectif est de conserver un lieu de spectacle vivant dans le centre-ville.  Une nouvelle période débute pour le collectif et dans l’immédiat je ne saute pas au plafond : nous avons tellement attendu qu’il faut rester mesurés. Cela dit, le projet de société coopérative d’intérêt collectif est toujours d’actualité. En ce qui concerne les travaux dont nous aurons la responsabilité, nous envisageons d’ailleurs la formule d’un chantier d’insertion qui s’inscrira dans une démarche d’économie sociale et solidaire. »

 

Le collectif Ohé du Bateau se mobilise depuis plus d'un an pour éviter que le Bateau Ivre ne disparaisse. Ses efforts sont récompensés (Photo Hugues Le Guellec).

 

Pour remonter le temps, voici un aperçu des derniers articles parus dans la Nouvelle République à propos du Bateau Ivre.

Bateau ivre : la Sémivit fait sa proposition (26 octobre 2011).

Ohé du bateau est sur le pont ! (13 octobre 2011)

Le bateau bientôt à quai (13 octobre 2011)

Le collectif Ohé du Bateau plus que jamais à flots (6 mai 2011)

Les propriétaires restent dans le flou (6 mai 2011)



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3 comments


  1. jean-christophe

    J’ignore si le problème de ce rachat du 146 rue Édouard Vaillant est lié à la « gestion socialiste » ou pas socialiste, toujours est-il qu’il y en a un.

    On nous annonce une somme faramineuse pour désamianter le toit (800 000€, donc), qui s’ajoute à celle de l’achat du bâtiment en lui-même (les propriétaires en voulaient initialement 600 000€, le prix de vente final est vraisemblablement relativement inférieur, mais s’ajoutent les frais de notaires). Il faudra également ré-équiper la salle en matériel scénique (sonorisation, éclairage, machinerie). Qui va payer ? Le montant des autres travaux – parait-il à la charge du collectif Ohé du Bateau – reste inconnu, et on espère que le contribuable n’aura pas à remettre la main au portefeuille puisqu’on ne connaît pas la surface financière réelle du collectif. Quid des subventions que Gisèle Vallée n’arrivait plus à avoir année après année pour gérer un lieu avec trois permanents alors que leur ambition est d’ouvrir six jours sur sept, avec une activité constante et donc le personnel qui va avec ?
    De l’aveu même des têtes pensantes du collectif, le dossier n’est pas (encore) ficelé, puisqu’ils comptent réunir les adhérents en janvier ou février pour « discuter du projet » (lire La Tribune de Tours n°136, page 5). Autrement dit, on ignore encore réellement comment fonctionnera la salle, avec quelle équipe, pour quelle masse salariale. On appréciera donc la confiance aveugle d’une municipalité qui s’apprête – sans présager de dépenses futures – à racheter plus d’un million d’euros, peut-être un million cinq, une embarcation au profit d’un équipage ne sachant pas vraiment où il va vraiment et comment il s’y rend… Si l’expérience d’une gestion de salle fait défaut dans notre ville, il y a fort heureusement dans ce collectif des gens expérimentés dans l’organisation de concerts, avec l’envergure et le charisme nécessaire (je pense en particulier à Pascal Robert, l’un des fondateurs de Radio Béton, qui connait parfaitement le Bateau Ivre).

    Un autre point pose question : dans l’enthousiasme débordant que suscite le rachat du Bateau Ivre, il y a un présupposé que seul le collectif « Ohé du Bateau » avait un projet de « sauvetage » (en fait de simple « reprise »), et que sans l’apport financier de la ville, le vaisseau sombrait corps et biens.
    Or, c’est faux, il y avait depuis la fin 2010, deux projets privés à vocation culturelle, financés, et ne faisant pas appel à des fonds publics autre que la subvention de fonctionnement promise par la ville (45000€). L’un d’eux était d’ailleurs toujours d’actualité en cette fin d’année 2011.
    Ceci a rapidement été connu des protagonistes (du reste la presse locale s’en faisait timidement l’écho dès octobre ou novembre 2010) : Le collectif, dont les fonds propres s’avéraient insuffisants, aurait très bien pu estimer sa mission caduque puisque le Bateau Ivre resterait bien un lieu de spectacles indépendant de la mairie (c’était leur intention initiale). La SEMIVIT, ensuite, dont la vocation est le logement social, aurait alors tout à fait pu se retirer, considérant ne plus avoir de rôle à jouer. Mais il semble qu’entre-temps, il était moins question de « sauver le bateau » que de faire en sorte que le projet « ohé du bateau » soit le seul pris en compte (1). Si on ajoute l’irruption de la politique dans l’affaire, on a le dénouement actuel…
    Tout semble avoir été fait pour minimiser l’existence d’autres projets (2), et chaque acteur culturel s’est presque vu sommé de prendre position. En présentant ce rachat « citoyen » comme le sauvetage de la dernière chance d’une institution locale, tout en occultant les alternatives, qui pouvait raisonnablement être contre ? Que pouvaient faire d’autres repreneurs potentiels pour exister face à un tel rouleau-compresseur médiatique dont les moindres faits et gestes étaient repris dans la presse locale et trouvaient un écho à l’hôtel de ville ? À part à vouloir passer pour « le vilain petit canard », et se retrouver personæ non gratae dans le petit milieu culturel local, c’était tout simplement suicidaire.

    En attendant, ce bâtiment sera dans le giron municipal sans aucune garantie – en tout cas pour le moment – quant à son avenir autre que les promesses d’une équipe municipale qui n’est pas éternelle.
    Puisque la collégialité financière de cette – malgré tout – belle aventure est désormais étendue à tous les contribuables, on espère que ses leaders seront particulièrement vigilants sur les différents points d’achoppements et que leur projet tiendra la route. Il semble qu’il y ait les gens pour.

    La conclusion de cette histoire est doublement ironique : de courageux repreneurs associatifs potentiels, les plus proches de la démarche militante du Bateau Ivre, ont renoncé après plusieurs surenchères de la SEMIVIT. Quant à Joël Breton, l’autre propriétaire du Bateau Ivre, il va faire affaire avec une municipalité dont les manières l’avaient conduit en 1996 à exiler à Cahors « Le Chaînon Manquant », festival qu’il avait créé en 1991. Après tout, c’est une belle revanche personnelle.

    (1) On écoutera pour s’en convaincre l’émission « des ô et débats » de février 2011 http://www.desoetdebats.somagfx.com/?p=205
    (2) Une interview sur le site « ohé du bateau » l’atteste : http://www.ohedubateau.com/?p=809, à partir de 10’55 » « est-ce qu’il y a d’autres projets aussi sérieux et viables que le votre ? » réponse : « des projets moins idéalistes et plus concrets, y’en a pas »). ou encore ici : http://www.desoetdebats.somagfx.com/?p=205 (37’00’’).

  2. JFS

    Jean-François a raison : Cette société immobilière démunie si pâle,  » c’est mis vite  » a jeter l’argent par les fenêtres !!!

  3. Jean François

    800 000 euros d’investissement et de réparation pour un équipement en très mauvais état. Bravo ! La gestion socialiste jette l’argent du contribuable par les fenêtres alors que cet argent pouvait être utilisé à autre chose notamment aider des chômeurs. Ce n’est pas le rôle d’une municipalité de venir répondre à des besoins du privé. Si cette association voulait ce bâtiment pour faire perdurer l’activité culturelle, elle n’avait qu’à l’acheter. Tout simplement. En temps de crise, il y a d’autres priorités me semble-t-il….