Éric Sabatier fut jusqu’en 2007 dans le top dix des tintinophiles de l’Hexagone. L’album qu’il affectionne tout particulièrement reste « Tintin au Tibet ».
L’aventure spatiale a toujours compté un héros de plus. Tintin a précédé Amstrong de quinze ans, une évidence pour le tintinophile poitevin, Éric Sabatier.
Amstrong n’est que le second à avoir marché sur la Lune, affirme en riant, Éric Sabatier. Le premier, c’est Tintin en 1954 ! On l’aura compris, ce Poitevin est « accro » aux aventures du jeune reporter. Il s’est plongé dès l’enfance dans cet univers, style ligne claire et, à la différence de beaucoup, il n’en est jamais ressorti. « Dans notre famille, la bande dessinée était considérée comme la science des ânes. Nous avions droit à Fripounet. Puis un jour, dans leur grande mansuétude, mes parents m’ont autorisé à lire les albums de Tintin, une révélation. »
“ Le dernier Spielberg ?
Pour un pur tintinophile c’est un sacrilège ”
Le gamin qu’il est alors ne se le fait pas dire deux fois. Tintin, c’est à chaque fois un continent différent, un pays, un contexte historique. Le premier qu’il découvre le propulse en Asie. Le Lotus bleu (1932) l’a fait rêver. « C’est l’une des bandes dessinées les plus abouties et sans doute la plus difficile à comprendre ! Rendez-vous compte par exemple que dans cet album, chaque idéogramme a une signification ! » souligne-t-il, jetant au passage un coup d’œil à l’une des vitrines de son bureau de Poitiers. Tintin y figure en bonne place, planqué dans cette fameuse jarre de porcelaine, au décor fleuri, sous l’œil noir d’un terrible dragon.
Où que porte son regard, il tombe toujours sur quelque chose, comme un « Pixi » à l’effigie d’Archibald Haddock… L’homme travaille au milieu des héros de Hergé. Les personnages sont partout, sur le mobilier, sur les murs, sous verre, sur bois, ils se déclinent en « 3D », résine Leblon Delienne (les connaisseurs apprécieront), ou en papier avec cette sérigraphie du Secret de la Licorne, réalisée pour le WWF (Fonds mondial pour la nature) à la fin des années soixante-dix.
Dans toutes les langues
Et justement, à propos du film Le Secret de la Licorne, de Spielberg, sorti sur les écrans il y a un peu plus d’un mois, Éric Sabatier est partagé. S’il salue « l’extraordinaire réalisation » du maître, il déplore un « amalgame » dans l’histoire avec l’album Le Crabe aux pinces d’or. « Pour un pur tintinophile, il y a sacrilège. »
Ces plus beaux trésors, comme une sérigraphie de Tintin au Tibet, contresignée le 16 mai 1994 par Tchang (le vrai), Éric Sabatier ne les dévoilent vraiment qu’à quelques initiés triés sur le volet. Il a rassemblé, au fil des années, 3.500 albums traduits en quarante-deux langues et des centaines d’objets. « Jusqu’en 2007, j’étais parmi les dix premiers tintinophiles du pays. » Mais depuis quatre ans, il explique qu’il a arrêté de collectionner tout ce qui sortait, « question de moyens… », avoue-t-il.
Il s’est recentré sur tout ce qui s’est écrit sur les aventures du reporter du Petit Vingtième. A tel point qu’il anime des conférences sur Tintin et son auteur. Sur le sujet, il est intarissable et didactique. On apprend beaucoup en l’écoutant, on apprend ainsi qu’Hergé s’est toujours intéressé à ce monde en pleine mutation. Depuis le Congo jusqu’au plus profond de la jungle, en plein pays Picaros, il s’est nourri de l’actualité du moment, à deux exceptions, Occupation oblige : Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge.
Sylvaine Hausseguy
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Quelques cotes à faire pâlir la Bourse
Les albums des aventures de Tintin et Milou ainsi que tous les produits dérivés seraient-ils, tout comme l’or, des placements refuge ? On pourrait le croire au regard de certaines cotes atteintes par ces objets. Tous n’ont pas la même valeur, avertit Éric Sabatier. « Une édition originale de “ Tintin au Congo ”, en noir et blanc datant de 1938, peut – selon son état – s’échanger entre 40.000 et 60.000 euros ! » Le record est détenu par le tout premier, “ Tintin au pays des Soviets ”, sorti à seulement 1.000 exemplaires en 1930 peut atteindre jusqu’à 100.000 euros… « Hélas, ce sont des albums que je n’ai pas », précise en souriant Éric Sabatier qui, il y a quinze ans, se rendait deux fois par mois à Bruxelles pour tenter de dénicher le Graal, ce que tout tintinophile rêve de posséder… une planche originale.
